Alphonse BEAUREGARD (1881-1924) (Recueil : Les alternances) - Le sentier
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Alphonse BEAUREGARD (1881-1924) (Recueil : Les alternances) - Le sentier Le sentier que j'aime le mieux Quitte en sournois la route blanche Où passent trop de curieux, Et disparait entre les branches. Celui qui traça son parcours Fut, je crois bien, un solitaire Qui pour écrire ses amours, Choisit comme papier la terre. Sitôt à l'abri des regards Il devient un chemin tout rose Coupant la bruyère au hasard. - Première joie en l'âme éclose. Puis il saute un ruisseau : miroir Où l'on se rencontre avec Elle : Dans un sourire on laisse voir L'inclination mutuelle. Lestement il grimpe un coteau Dont les framboises et la menthe, Le petit thé, le pain d'oiseau Disent une époque attrayante. En faisant un détour brusqué Il montre un pic nu, détestable, Qui semble un bandit embusqué. - Cette querelle inévitable ! Voici qu'au bord de la forêt Il marque à peine l'herbe rase, Se glisse presque droit, discret. - L'accord se rétablit. On jase. Des buissons transparents, soudain, Il émerge et court à la grève, D'un lac aux horizons lointains Où vogue, épanoui, le rêve. ........................... Le sentier où je fus souvent A tant d'attraits pour ceux qu'il guide, Que nul ne s'en écarte avant De se trouver, au lac sans rides, Face à l'amour vaste et limpide.
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