Analyse linéaire Les caractères; Le portrait de Giton
Publié le 08/03/2024
Extrait du document
«
Le portrait de Giton
Les Caractères ou les Moeurs de ce siècle sont le seul ouvrage publié par La Bruyère et l’œuvre de toute
une vie.
Les Caractères sont constitués de remarques, portraits et maximes, écrits entre 1688 et 1696.
A la fois
traduction de certains écrits Des Caractères de Théophraste, philosophe grec antique, et créations originales
par La Bruyère, Les Caractères sont une œuvre moraliste, dans la lignée de la visée des écrivains classiques,
qui est la correction des défauts humains.
Nous allons nous intéresser à la remarque 83 du livre VI, « Des biens de fortune».
Dans ce fragment, La
Bruyère brosse le portrait de Giton, un riche personnage qui est imbu de lui-même.
En quoi ce portrait satirique sert-il la condamnation de la vanité humaine ?
Cette remarque peut être divisée en trois mouvements :
•
l.1 à 4 : Une exposition : le portrait d'un anti-Honnête Homme
•
l.4 à 13 : Une description théâtrale
•
l.13 à fin : Conclusion et jugement moral
Mouv 1 (l.1 à 4) : Une exposition : le portrait d'un anti-Honnête Homme
•
Le portrait de Giton s'ouvre sur une accumulation d'adjectifs positifs, qui soulignent la bonne santé du
personnage et sa confiance en lui :
Giton a « le teint frais, le visage plein et les joues pendantes », ce qui classe immédiatement le personnage
dans la catégorie des gens aisés, ce que montre son physique épanoui d'homme bien nourri.
•
Il a aussi « l'oeil fixe et assuré, les épaules larges, l'estomac haut, la démarche ferme et délibéré.
» Il
s'agit d'un homme qui a pleinement confiance en lui.
•
Le déploiement de la phrase montre par ailleurs l'importance du personnage :
Giton est un homme que l'on remarque.
•
Son assurance est confirmée par la phrase suivante : « Il parle avec confiance ».
•
Néanmoins, le regard critique du narrateur apparaît avec l'anaphore du pronom « il », marque de
son égocentrisme.
•
•
A la ligne 3, le changement de ton du narrateur est évident : le comportement de Giton est critiqué
: Il est inattentif aux autres : « il fait répéter celui qui l'entretient » et a peu de considération pour
ceux qui ne sont pas lui-même : « il ne goûte que médiocrement tout ce qu'il lui dit.
».
L'adverbe «
médiocrement », associé au pronom « tout » appuient cette dernière idée et brossent un portrait négatif
de Giton, dont le comportement n'est pas celui de l'Honnête Homme attendu.
2/l.4 à 13 : Une description théâtrale
•
Ce comportement outrancier, désagréable, est confirmé par les hyperboles dans les phrases
suivantes : « un ample mouchoir », « avec grand bruit », « fort loin », « fort haut », « profondément ».
Giton veut être remarqué et fait tout pour l'être.
•
Son comportement en société est extrêmement déplaisant et dégoûtant :
« se mouche », « crache », « éternue », « ronfle en compagnie ».
•
Giton apparaît focalisé sur son seul plaisir : « Il dort le jour, il dort la nuit », qu'il accomplit en toute
sérénité, sans se gêner de déranger ceux qui sont en sa compagnie : noter l'allitération en [r] qui imite
le son d'un ronflement : « Il dort le jour, il dort la nuit, et profondément ; il ronfle en compagnie.
».
•
Le narrateur insiste sur le narcissisme du personnage : « il occupe à table et à la promenade plus de
place qu'un autre », toujours avec des hyperboles.
•
Son désir de briller est tel qu'il s'impose au centre de la compagnie : « il tient le milieu ».
Le narrateur
note bien que son attitude se fait au détriment de « ses égaux », c'est-à-dire au plan social.
•
La Bruyère crée alors une véritable saynète qui emprunte au domaine de la farce : « il s'arrête, et
l'on s'arrête ; il continue de marcher, et l'on marche : tous se règlent sur lui ».
Le comique de geste est
ici utilisé, dans une espèce de ballet symétrique dans lequel Giton mène la danse.
L'aspect mécanique
est créé par la conjonction « et » et par la répétition....
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