Analyse Linéaire Moesta et errabunda
Publié le 21/06/2022
Extrait du document
«
Charles Baudelaire est un poète du XIXe siècle, qui s’est inspiré à la fois du Romantisme et
du Parnasse.
Il reste célèbre pour avoir introduit des thèmes novateurs et
provocateurs dans ses"Fleurs du Mal'', recueil publié en 1857 dont le projet consiste à
dégager la beauté de la laideur.Le poème étudié “Moesta et errabunda ” est extrait de la
Dans ce poème, Baudelaire veut fuir
le spleen en évoquant un paradis perdu qui appartient au passé
section « spleen et idéal » des Fleurs du Mal.
Comment s’exprime dans ce poème l’espoir impossible de s’élever au-dessus de l’horreur et
de la souffrance?
strophe 1-3:Un désir de quitter l’horreur du monde
v16-24: Évocation du paradis rêvé
v25-30: Doute face à la possibilité de retrouver ce paradis
-« Moesta et errabunda » s’ouvre sur une adresse lyrique à une femme prénommée «
Agathe » (vers 1).Agathe signifiant “belle” en grec est l’incarnation de la beauté qu’il cherche
à rejoindre.L’impératif à la deuxième personne du singulier (« Dis-moi » ) permet au poète
de créer une relation avec cette femme tentant de retrouver en elle ses propres
sentiments .Le terme « ton coeur » , avec l’adjectif possessif, donne l’impression d’une
confession intimiste et amoureuse où le poète implore la présence de l’être aimé.Le verbe
“s’envoler” laisse entendre une métaphore qui exprime le désir du poète de quitter l’horreur
du monde.Il souligne une idée de liberté et d’élévation.
-Mais très vite, le poète oppose la réalité haïe à un ailleurs idéalisé.Ainsi, les vers 2 et 3 sont
structurés autour d’une antithèse entre spleen et idéal.En effet, la ville (la « cité » ) est
associée à un adjectif péjoratif qui exprime le dégoût (« immonde » ) tandis que l' »autre
océan » est un monde virginal (« virginité » ) décrit par l’harmonieuse énumération ternaire
d’adjectifs mélioratifs : « bleu, clair, profond » (v.4).Le poète évoque l’horreur du monde telle
qu’il la ressent et la métaphore “océan de la cité” décrit l’immensité d’une ville
insupportable.Puis il évoque un monde idéal décrit comme un paradis(lumière,pureté)
opposé au monde réel.
Le 5e vers des quintils répète le 1er ce qui crée un effet de musicalité:une musique qui doit
guider le poète pour s’élever au dessus du monde.Cette reprise renforce aussi le désir de
départ de Baudelaire.
Dans la deuxième strophe, Baudelaire poursuit une métaphore filée : « La mer, la vaste mer,
console nos labeurs ! » .Cette mer est personnifiée en figure maternelle : elle « console » le
poète et chante une « sublime berceuse » comme le ferait une mère.Baudelaire se tourne
donc vers l’enfance et la “mer” souligne l’idée de voyage,un voyage qui soulage le poète de
la souffrance du monde.-Mais cette nature est ambivalente.
Elle est à la fois source
d’apaisement (« console » , « berceuse » ) mais elle est également effrayante de par son
étendue (« vaste » ) et son chant dysharmonique (« rauque » = rude ) qu’elle tient d’un «
démon » surnaturel (v.7).La nature est donc ambigüe, à la fois effrayante et sublime.
Elle
n’offre pas de consolation absolue au poète.Elle appartient au monde réel est est en partie
négative.Baudelaire rompt ainsi avec la tradition romantique en représentant la nature
comme une force menaçante avec laquelle le poète ne peut plus fusionner.
-La troisième strophe renoue avec l’adresse du vers 1 : « Emporte-moi, Wagon ! enlève-moi,
frégate ! » (v.11).Cependant, l’adresse amoureuse du premier vers laisse place à une
adresse au « wagon » et à la « frégate » (navire).
La distance se creuse donc entre le poète
et Agathe.L’être aimé est remplacé par l’objet comme si l’amour n’avait pas su libérer le
poète qui se tourne vers des objets muets.Le voyage est matérialisée par le “wagon,la
frégate”.Le double impératif en parallélisme de construction et la double exclamation du vers
11 donne une impression d’urgence poignante : « Emporte-moi, wagon ! enlève-moi, frégate.
»
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