AUGUSTIN THIERRY

« AUGUSTIN THIERRY (1795-1856) Au collège de Blois, sa ville natale, AUGUSTIN THIERRY a la révélation de sa vocation d'historien en lisant dans Les Martyrs le récit de la bataille des Romains contre les Francs.

A seize ans, il entre à l'École normale supérieure.

A dixhuit ans, il est nommé professeur à Compiègne, métier qu'il abandonne bientôt pour devenir secrétaire de SaintSimon.

Après trois ans de collaboration, il se sépare de son maître en 1817, mais sa pensée restera longtemps imprégnée de socialisme saint-simonien.

C'est d'ailleurs pourquoi il commence par travailler pour des journaux libéraux.

Il y publie ses Études historiques.

En 1821, il renonce au journalisme et à la politique pour se consacrer entièrement à ses travaux d'historien.

Atteint de cécité en 1826, il poursuivra sa tâche aidé par sa femme et par une équipe de secrétaires, donnant un bel exemple de dévouement total à la science. PRINCIPALES ŒUVRES Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands (1825). L'ouvrage retrace en onze livres l'histoire de l'Angleterre avant la conquête, puis celle de la conquête et des différents règnes jusqu'à la fin du XIIe siècle, en insistant sur l'effort accompli pour dénationaliser le peuple vaincu. La conclusion étudie les traces laissées par la conquête chez les populations habitant des deux côtés de la Manche. Dix ans d'études historiques (1834).

L'auteur rassemble tous les essais historiques écrits par lui de 1817 à 1827. Dans la préface, il explique son évolution intellectuelle. Récits des temps mérovingiens (1833-1840). Ce livre retrace d'après les chroniques de Grégoire de Tours l'histoire de la Gaule au vie siècle.

Les sept récits qui le composent ont pour thème principal les vengeances de Fredegonde.

Autour de la terrible reine, apparaissent son époux, le roi Hilperik, barbare qui a pris les goûts de la civilisation ", sa rivale détestée, Brunehilde, ses victimes successives, Galeswinthe, Sighebert, Merowig, l'évêque Praetextatus.

La pieuse existence de Radegonde, retracée dans le cinquième récit, fait contraste avec les crimes de Fredegonde. Essai sur l'histoire de la formation et des progrès du tiers état (1853). UN HISTORIEN PHILOSOPHE Pénétré de philosophie libérale, Augustin Thierry cherche à expliquer historiquement l'évolution du monde moderne. Déjà, en étudiant l'histoire de l'Angleterre, il avait constate l'antagonisme de la race conquérante et de la race vaincue.

Il transporte cette idée dans l'histoire de France, où les efforts du tiers état pour se libérer représenteraient la réaction de la race gallo-romaine contre les envahisseurs germaniques, dont les descendants ont constitué la classe aristocratique et bourgeoise. Son dernier ouvrage soutient encore, mais avec des atténuations, cette thèse aventureuse. UN HISTORIEN ARTISTE Il a toujours eu le goût des récits habilement et savamment construits.

Il estime que la richesse de la documentation et le souci de l'exactitude ne suffisent pas à qui veut faire revivre les-époques, les individus, les moeurs.

Il faut posséder aussi la maîtrise du style.

« Toute composition historique, dît-il, est un travail d'art autant que d'érudition.

» Les préoccupations philosophiques, d'abord prédominantes chez lui, ont fini par céder le pas aux préoccupations artistiques.

Les Récits des temps mérovingiens passent à juste titre pour le chef-d'œuvre de l'histoire narrative. UN HISTORIEN ÉRUDIT En 1840, Augustin Thierry est chargé par Guizot de réunir des documents relatifs au tiers état sous l'ancien régime. Ce travail d'érudition renforce chez lui l'habitude et l'amour du document, l'amène à se faire une conception plus scientifique de l'histoire.

Son.

Essai sur l'histoire de la formation et des progrès du tiers état marque la transition entre l'histoire romantique, surtout philosophique et littéraire, et la science historique, telle qu'elle va se constituer dans la seconde moitié du XIXe siècle.. »