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Bashô

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Bashô Matsuo le plus célèbre auteur de haïkaï du Japon, vint au monde en 1644. Il était le troisième fils d'un samouraï d'Ouéno, dans la province d'Iga ; son père était au service du daimyo de l'endroit. Vers l'âge de douze ans, le petit Bashô devient valet-compagnon du fils du daimyo, et entre les deux garçons naît une amitié humaine et profonde fondée sur l'amour commun de la poésie. On dit que l'un et l'autre étaient des disciples du poète alors célèbre, Kigin ; mais le fils du daimyo, qui avait pris le nom de plume de Zengi, mourut dans la fleur de l'âge. Frappé par ce deuil inattendu, le petit Bashô, tourmenté par le sentiment de la fragilité et de la vanité de la vie humaine, tomba dans le désespoir. L'odeur du monde changea pour lui ; il lui semblait que le temps le plus heureux et le plus lumineux de sa vie eût déjà passé, une fois pour toute. Il avait un peu plus de vingt ans lorsqu'il se décida en secret à renoncer à la carrière prévue en suivant inconsciemment l'appel lointain d'une poésie inconnue. Un jour il s'évada de la maison seigneuriale, en laissant à la porte d'un camarade ce haïkaï : " Cloisonnés par les nuages, les canards sauvages s'envolent séparément au fil de la vie temporelle... " Et le jeune canard sauvage erre d'abord à Kyoto, et ensuite à Edo (actuellement Tokyo).     

« Bashô Bashô Matsuo le plus célèbre auteur de haïkaï du Japon, vint au monde en 1644.

Il était le troisième fils d'un samouraï d'Ouéno, dans la province d'Iga ; son père était au service du daimyo de l'endroit.

Vers l'âge de douze ans, le petit Bashô devient valet-compagnon du fils du daimyo, et entre les deux garçons naît une amitié humaine et profonde fondée sur l'amour commun de la poésie.

On dit que l'un et l'autre étaient des disciples du poète alors célèbre, Kigin ; mais le fils du daimyo, qui avait pris le nom de plume de Zengi, mourut dans la fleur de l'âge.

Frappé par ce deuil inattendu, le petit Bashô, tourmenté par le sentiment de la fragilité et de la vanité de la vie humaine, tomba dans le désespoir.

L'odeur du monde changea pour lui ; il lui semblait que le temps le plus heureux et le plus lumineux de sa vie eût déjà passé, une fois pour toute.

Il avait un peu plus de vingt ans lorsqu'il se décida en secret à renoncer à la carrière prévue en suivant inconsciemment l'appel lointain d'une poésie inconnue.

Un jour il s'évada de la maison seigneuriale, en laissant à la porte d'un camarade ce haïkaï : " Cloisonnés par les nuages, les canards sauvages s'envolent séparément au fil de la vie temporelle...

" Et le jeune canard sauvage erre d'abord à Kyoto, et ensuite à Edo (actuellement Tokyo). Pendant quelque temps, il travaille comme fonctionnaire au bureau des travaux de canalisation de la rivière Edo.

En 1681, il s'installe au bord de la rivière Soumida, dans sa cabane nommée " Bashô-An ", qui appartient à un de ses disciples.

Dans le petit jardin de cette demeure se trouvaient quelques bananiers qu'il aimait beaucoup.

Son nom, Bashô, signifie : bananier.

Peu à peu se répandait sa réputation comme poète, jusque dans les régions les plus lointaines. Le haïkaï est de la forme la plus courte : trois vers de 5-7-5 syllabes.

Il est d'origine populaire et humoristique, tandis que l'autre court poème japonais, nommé " tanka " ou " waka ", est né de la tradition aristocratique.

Dans le haïkaï s'accordent très subtilement l'humour, l'émotion et la noblesse de sentiment Ah ! Le vieil étang ! Et le bruit de l'eau Où saute la grenouille ! C'est un des poèmes de haïkaï bien connus de Bashô : une petite flamme figée ou cristallisée dans le climat spirituel du zenisme, pour éveiller de multiples résonances qui se prolongent dans l'étang silencieux du coeur, comme des cercles multiples dans l'eau. " C'est une semence d'émotion, dit magnifiquement le grand Paul ClaudelL044, c'est la corde où le musicien avec le doigt fait vibrer une seule note qui peu à peu envahit le coeur et la pensée.

" La forme du " tanka " se compose de cinq vers de 5-7-5-7-5 syllabes ; un peu plus long que le haïkaï, le tanka est en général plus mélodieux : Ah ! Soleil couchant...

Ce jour s'en va ! Nul ne visitera plus ce sentier pour admirer cette floraison de cerisiers. Araignée ! dans ton voile flottant garde encore en combinaison des gouttes de soleil qui restent ! Une poésie de forme plus courte risquait de tomber dans un formalisme stérile.

Bashô dut renouveler l'esprit de la poésie japonaise, " en observant les règles et en les dépassant à la fois ", comme il le disait. A l'époque du shogunat, dans une société alors un peu apaisée mais féodalement " fermée ", Bashô n'avait aucun rapport avec la politique temporelle, et plus il paraît retiré du monde, plus il se consacre avec un enthousiasme religieux à sa Voie de poésie à " cette seule, cette subtile Voie " : " Je me lie avec une subtile Voie.

" La nature était pour lui le plus grand maître de l'art.

Il devait sa formation humaine et poétique à la poésie de Saïgyô, ermite bouddhique, et aux grands poètes de la vieille Chine tels que Li T'ai-poL1552 et Tou FouL225, autant qu'à la philosophie de Lao-tseuH1146.

Et les principaux éléments du zenisme japonais avaient formé assez naturellement son climat d'esprit.

Il dit : " Justice, ce sont les os.

Sincérité, ce sont les entrailles.

La pensée du vieux Lao-tseuH1146 donne le bonheur à mon âme.

Et le goût de la Poésie va et vient dans le coeur qui bat...

" Et voici quelques lignes d'un de ses précurseurs, Shinkeï, poète et prêtre bouddhique : " L'état de l'âme est important pour les auteurs de haïkaï....

En contemplant les fleurs et les feuilles tomber, en cherchant à s'identifier avec le coeur du monde qui est de rêve, que tes actions soient tendres et charitables ! Que ton âme soit concentrée sur ce qui est inépuisablement profond et mystique !...

" Bashô, quoique solitaire, avait le génie de l'amitié ; il était un des hommes qui ont, selon le mot de RilkeL182, " l'austère maternité de l'homme ". Partout où, vagabond, il arrivait, des amis et des disciples se réunissaient pour une séance de " renkouL012M1 ".

Le renkouL012M1 est un long poème improvisé composé de vers de plusieurs poètes. Avant Bashô, Teitokou (1571-1654) avait fondé une école de haïkaï appelée " Teïmon " ; le maître de Bashô, Kigin, fut un disciple de Teitokou, mais cette école, demeurant dans un formalisme stérile, fut dépassée par l'école " Danrin " fondée par Sôïn.

Et c'est Bashô qui approfondit l'esprit poétique de " Danrin ". Au début de ses Notes du Voyage à Yoshino, il écrit : " C'est un seul et même esprit qui pénètre et vivifie la poésie d'un Saïgyô, ainsi que la peinture d'un SesshûL012M2 ou l'art du thé d'un Rikyû...

Cet esprit poétique est aussi celui de toute la Création qui se métamorphose toujours et pourtant reste une et éternelle.

Tout ce que cet esprit poétique perçoit n'est rien que la Fleur ; tout ce qu'il pense n'est rien que la Lune...

Toutes. »

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