Biographie de CHAR, René
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CHAR, René
(14 juin 1907-19 février 1988)
Poète
Né à l'Isle-sur-Sorgue, il passe son enfance dans ces paysages qui inspirent Premières Alluvions (1946) et Le Soleil
des eaux où il évoque les pêcheurs de la Sorgue.
En 1927, il fait son service militaire à Nîmes et commence à
collaborer à des revues littéraires.
Son premier recueil de poèmes paraît en 1928, sous le titre de Cloches sur le
cœur.
Il rencontre le groupe surréaliste auquel il adhère et publie Ralentir travaux chez José Corti aux éditions
Surréalistes, puis suivront Artine et Le tombeau des secrets, illustré de douze photographies, dont une avec un
collage original de Paul Eluard et André Breton.
Compagnon de route des Surréalistes, René Char demeure singulier
dans une écriture qui tend de plus en plus vers l'abstraction, toute d'intériorité et de mystère.
Il participe cependant
aux manifestations antifascistes de février 1934 et prend part aux actions surréalistes, tracts, textes polémiques, et
peut aller jusqu'à la bagarre pour défendre ses idées.
Il contribue en 1932 à l'affaire Aragon et aux tracts dénonçant
l'exposition coloniale.
Mais le poète est déjà hanté par des préoccupations métaphysiques, éthiques et sociales qui
l'éloignent sensiblement du surréalisme.
La guerre d'Espagne le bouleverse profondément : il entre alors dans l'action
et dans l'Histoire ; il publie Placard pour un chemin des écoliers en 1937.
De la fidélité du poète et du typographe et
éditeur Guy Levis Mano, sortiront vingt-sept plaquettes de leur rencontre, de 1936 à 1972.
Cette fidélité se vérifie
non seulement avec les éditeurs, José Corti, Jean Hughes, Louis Broder ou encore Fernand Verhesen (des éditions
du Cormier), mais aussi avec les peintres, Valentine et Jean Hugo, Juan Miró, Braque et Viera da Silva, Picasso,
Picabia, Lam, Zao Wou-ki et Giacometti, ou encore Alexis Galpérine, qui seront complices du poète en de nombreux
livres illustrés.
Ce compagnonnage intense avec les peintres est essentiel à l'œuvre de Char qui est celle d'un
voyant rendant visible l'indicible.
Mobilisé à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il revient à l'Isle-surSorgue en 1940 et entre dans la Résistance en devenant le chef des maquis de Provence sous le nom de Capitaine
Alexandre.
Après la guerre, changement radical de ton, le poète devient philosophe.
De ces années date son amitié
avec Camus, Braque, Nicolas de Stael qui illustrera de bois gravés les Poèmes, paru en 1952.
Le poète, qui
revendique l'héritage d'Empédocle et des présocratiques, poursuit une réflexion à travers sa poésie qui va à
l'essentiel de l'homme.
Seuls demeurent (1945) et Feuillets d'Hypnos (1946) marquent ce changement, où la lecture
du poème doit amener à une réflexion.
L'intensité poétique de René Char devient une foudre dans les années 60-70,
où il fréquente Heidegger et Boulez, qui mettra en musique Le Marteau sans maître, Visage nuptial et Le Soleil des
eaux.
Depuis 1965, René Char, retiré à l'Isle-sur-Sorgue, livre ses poèmes qui sont autant de fulgurantes empreintes
de lucidité et de quasi-mysticisme et voit sa célébrité grandir.
Mais il refuse les honneurs.
En 1983, il entre de son
vivant dans la Bibliothèque de la Pléiade.
En 1987, Le Gisant mis en lumière offre un dialogue somptueux entre le
poème et l'image.
Le poète au regard clair, le voyant qui écrit “ la poésie me volera ma mort ”, l'élégiaque
aphoristique René Char meurt à Paris d'une crise cardiaque.
Un recueil inédit paraît à titre posthume : Eloge d'une
soupçonnée..
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