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BOSSUET - Jacques BÉNIGNE

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Bossuet est d'abord un ecclésiastique. Formé par Vincent de Paul et séduit par le jansénisme, il ne s'en glisse pas moins, avec beaucoup d'aisance, dans son rôle de prince de l'Église. Il est, en effet, ensuite, un politique, voix gallicane d'une église d'État, indépendante et unifiée. Il est enfin et surtout un orateur, et l'un des plus grands auteurs du siècle. « Dans l'ordre des écrivains, je ne vois personne au-dessus de Bossuet », dit Valéry (« Sur Bossuet », Variété II, 1930). Il est vrai qu'il ajoute : « Quant aux pensées qui se trouvent dans Bossuet, il faut bien convenir qu'elles paraissent aujourd'hui peu capables d'exciter vivement nos esprits. » Il semble cependant qu'on ne goûte pas pleinement Bossuet, si on le réduit à une pure rhétorique, qu'il récusait comme art de plaire. Dans le Sermon sur la parole de Dieu (Carême de 1661), il définit sa manière : Les prédicateurs doivent rechercher non des brillants qui égayent, ni une harmonie qui délecte, ni des mouvements qui chatouillent, mais des éclairs qui percent, un tonnerre qui émeuve, une foudre qui brise les coeurs. Sa conception de l'histoire, son engagement dans le catholicisme et son système de pensée ne font qu'un avec son style. Ce qui les anime, c'est la recherche de l'ascendant, de l'autorité, de la maîtrise. Il embrasse et organise le monde, comme le discours, dans un vaste projet, conduit par une cohérence dominatrice. Ce qui empêche d'en sentir toute l'arrogance, c'est l'harmonie qui lui est consubstantielle, puisée dans la fréquentation quotidienne de Virgile, son autre Écriture sainte. Il y ajoute la gravité d'une religion profondément platonicienne et dualiste, centrée sur l'idée de la mort et de l'au-delà. On ne s'étonne donc pas de le voir rencontrer ses triomphes dans les Oraisons funèbres des Grands, dans le Sermon sur la mort (Carême de 1662 au Louvre), ou dans les Panégyriques des saints, dont il célèbre la vie comme pure absence. L'enseignement et la rhétorique de Bossuet illustrent le culte du texte. Il prend toujours appui sur une phrase maîtresse qui domine la méditation et fournit la matière poétique. Le Panégyrique de saint Paul (1657) peut être considéré comme une profession de foi et un art poétique. En effet, de l'apôtre il dit : « Il prêche, il combat, il gouverne. » De sa parole : « Il met la force de persuader dans la simplicité du discours. » La puissance de l'idée comme du mot et la nudité du style sont, en effet, les clefs de l'éloquence de Bossuet, qui atteint la grandeur sans jamais tomber dans le pompeux.

« BOSSUET - Jacques BÉNIGNE Bossuet est d'abord un ecclésiastique.

Formé par Vincent de Paul et séduit par le jansénisme, il ne s'en glisse pas moins, avec beaucoup d'aisance, dans son rôle de prince de l'Église.

Il est, en effet, ensuite, un politique, voix gallicane d'une église d'État, indépendante et unifiée.

Il est enfin et surtout un orateur, et l'un des plus grands auteurs du siècle.

« Dans l'ordre des écrivains, je ne vois personne au-dessus de Bossuet », dit Valéry (« Sur Bossuet », Variété II, 1930).

Il est vrai qu'il ajoute : « Quant aux pensées qui se trouvent dans Bossuet, il faut bien convenir qu'elles paraissent aujourd'hui peu capables d'exciter vivement nos esprits.

» Il semble cependant qu'on ne goûte pas pleinement Bossuet, si on le réduit à une pure rhétorique, qu'il récusait comme art de plaire.

Dans le Sermon sur la parole de Dieu (Carême de 1661), il définit sa manière : Les prédicateurs doivent rechercher non des brillants qui égayent, ni une harmonie qui délecte, ni des mouvements qui chatouillent, mais des éclairs qui percent, un tonnerre qui émeuve, une foudre qui brise les coeurs. Sa conception de l'histoire, son engagement dans le catholicisme et son système de pensée ne font qu'un avec son style.

Ce qui les anime, c'est la recherche de l'ascendant, de l'autorité, de la maîtrise.

Il embrasse et organise le monde, comme le discours, dans un vaste projet, conduit par une cohérence dominatrice.

Ce qui empêche d'en sentir toute l'arrogance, c'est l'harmonie qui lui est consubstantielle, puisée dans la fréquentation quotidienne de Virgile, son autre Écriture sainte.

Il y ajoute la gravité d'une religion profondément platonicienne et dualiste, centrée sur l'idée de la mort et de l'au-delà.

On ne s'étonne donc pas de le voir rencontrer ses triomphes dans les Oraisons funèbres des Grands, dans le Sermon sur la mort (Carême de 1662 au Louvre), ou dans les Panégyriques des saints, dont il célèbre la vie comme pure absence. L'enseignement et la rhétorique de Bossuet illustrent le culte du texte.

Il prend toujours appui sur une phrase maîtresse qui domine la méditation et fournit la matière poétique.

Le Panégyrique de saint Paul (1657) peut être considéré comme une profession de foi et un art poétique.

En effet, de l'apôtre il dit : « Il prêche, il combat, il gouverne.

» De sa parole : « Il met la force de persuader dans la simplicité du discours.

» La puissance de l'idée comme du mot et la nudité du style sont, en effet, les clefs de l'éloquence de Bossuet, qui atteint la grandeur sans jamais tomber dans le pompeux.. »

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