CHAMFORT conclut ainsi son Éloge de Molière (1766) : N'existerait-il pas un point de vue d'où Molière découvrirait une nouvelle carrière dramatique ? Répandre l'esprit de société fut le but qu'il se proposa. Arrêter ses funestes effets serait-il un dessein moins digne d'un sage ? Verrait-il sans porter la main sur ses crayons l'abus que nous avons fait de la société et de la philosophie, le mélange ridicule des conditions, cette jeunesse qui a perdu toute morale à quinze ans, toute sen
Extrait du document
Aventurier et bohème, CHAMFORT (1740-1794) commence par s'étourdir de plaisirs. Mais il ne tarde pas à comprendre que le commencement de la sagesse est la crainte des hommes. Alors, comme Alceste, il poursuit de ses analyses cruelles les vices et les ridicules de la société de son temps. Son oeuvre la plus connue est les Maximes, caractères et anecdotes (éditée après sa mort). Cependant, l'Académie française couronna son Éloge de Molière (1766).
CHAMFORT écrit donc à une époque où règne la littérature à thèse. Les tragédies de VOLTAIRE sont écrites pour dénoncer le fanatisme... Certes, le XVIIe siècle avait la volonté d'instruire, mais cette volonté demeurai-dans l'ensemble assez générale pour ne pas transformer l'art en prédication. Aussi devrez-vous considérer avec quelque scepticisme l'affirmation abrupte : Répandre l'esprit de société fut le but qu'il se proposa. Votre scepticisme sera d'autant plus profond qu'on ne connaît guère de grand homme de théâtre qui ait créé des personnages avec une perspective aussi étroite. CHAMFORT fait bon marché de la spontanéité créatrice du génie. Toute grande oeuvre théâtrale est ambiguë.
Liens utiles
- Alors qu'il cherchait vainement un éditeur pour A la recherche du temps perdu, Proust écrivait en 1913, à la Nouvelle Revue française : Le point de vue métaphysique et moral prédomine partout dans l'oeuvre. Quelles réflexions vous inspire cette affirmation, si vous considérez plus particulièrement Du côté de chez Swann, qui parut à la fin de cette même année ?
- Partagez-vous le point de vue de l'auteur qui semble ne voir dans les conditions de la vie moderne que des obstacles pour ceux qui voudraient se cultiver ?
- Maupassant a écrit à propos du romancier: Son but n'est point de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir mais c'est [sa] vision personnelle du monde qu'il cherche à nous communiquer. Partagez-vous ce point de vue ?
- A de multiples signes, on sent dans la jeunesse actuelle une soif d'affirmation créatrice. Si la culture, sous toutes ses formes, n'est pas au rendez-vous, on ne sait trop comment et par quoi pourra se manifester un besoin qu'elle est seule à pouvoir vraiment satisfaire. Sans elle, la créativité risque de ne s'exprimer que par ses formes les plus sommaires, comme le bricolage, ou par la violence, qui n'est qu'une créativité retournée, la volonté de détruire par rage de ne pouvoir const
- Un romancier peut-il exprimer son point de vue sur la société par le récit de la vie amoureuse de ses personnages ?