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Charles BAUDELAIRE (1821-1867) (Recueil : Les fleurs du mal) - L'homme et la mer

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Charles BAUDELAIRE (1821-1867) (Recueil : Les fleurs du mal) - L'homme et la mer Homme libre, toujours tu chériras la mer ! La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme Dans le déroulement infini de sa lame, Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer. Tu te plais à plonger au sein de ton image ; Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur Se distrait quelquefois de sa propre rumeur Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage. Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets : Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes ; Ô mer, nul ne connaît tes richesses intimes, Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets ! Et cependant voilà des siècles innombrables Que vous vous combattez sans pitié ni remord, Tellement vous aimez le carnage et la mort, Ô lutteurs éternels, ô frères implacables !

« Un parallèle factice Ce parallèle entre la mer et l'homme semble factice.

On a l'impression d'être en présence d'un exercice de rhétorique dans la mesure où Baudelaire poursuit cette comparaison jusqu'à la limite du possible.

A chaque aspect de la mer, le poète fait correspondre à toute force un aspect de l'âme.

Mais ce n'est que par un abus de langage que l'on peut rapprocher le gouffre de la mer et les profondeurs de l'âme, la rumeur de l'océan et celle des passions, l'amertume du coeur et celle de l'eau salée. Baudelaire développe ici un lieu commun philosophique qui procède de Chateaubriand : l'âme est infinie, la nature est son miroir.

Cette dissertation et ce ton didactique ne sont pas dans sa manière.

L'image la plus artificielle est sans doute celle de la mer et de l'homme présentés comme des « frères implacables ». Un vers baudelairien Le poème est sauvé par son premier vers : « Homme libre, toujours tu chériras la mer! » D'où vient sa résonance? de ce qu'il évoque une ouverture et un élargissement Il nous conduit de l'homme à la mer en passant par la liberté.

Le temps du verbe (au futur), en orientant l'expression entière vers l'avenir, accroît cette impression.

Ce vers est beau parce qu'il n'explique pas.

Le lien qu'il établit entre l'homme et la mer n'est que sentimental.

Il suggère néanmoins que la mer est pour l'âme humaine le champ d'une liberté rêvée.

Sa musique le dit autant -que les mots. L'erreur commise ici par Baudelaire (erreur très rare dans son œuvre) est d'avoir voulu développer, justifier et expliquer. L'explication a tué la poésie.

Tout se passe comme si Baudelaire avait perdu en cours de route son intuition première.. »

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