Charles Baudelaire Les Fleurs du mal X - L'ennemi
Publié le 23/05/2023
Extrait du document
«
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
- O douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Charles Baudelaire
Les Fleurs du mal
Introduction :
Charles Baudelaire ( 1821 – 1867 à Paris ) appartient à la fois au romantisme, au Parnasse et au
Symbolisme.
Il publie les Fleurs du Mal en 1857 ce qui lui vaudra un procès.
Le poème
« Ennemi » appartient à la section « Spleen et Idéal ».
On perçoit, dans cette section, une tension
entre le Spleen ( qui est le désespoir ou la dépression ) et l’Idéal ( recherche du bonheur dans la
création poétique ).
L’ennemi, ici, est le temps qui passe ou la fuite du temps, thème classique de
la poésie que Baudelaire va, ici, renouveler.
C’est un sonnet irrégulier : ABAB – CDCD – EEF GFG
Composition :
1er quatrain :
Un Bilan décourageant de la jeunesse / La destruction de la jeunesse / Le poids du passé dans la
destruction du poète.
2ème quatrain :
Un besoin de renouveau
1er Tercet :
Le peur de l’échec du projet poétique
2ème Tercet :
Le temps : Un vampire qui aspire la vie
1er Quatrain : Un Bilan décourageant de la jeunesse
1er alexandrin : affirmation irrémédiable alitération en « j » jeunesse / Orage.
« Ténébreux » ( Ténèbres = nuit noire et profonde évocation de la mort )
« Ténébreux orages » ( v1 )
« Brillants soleils » (v2 )
≠ → valeurs oxymorique de ces rimes
« ça et là » → par intermi8ence
« soleils » ( symbolique du poète )
Ces brillantes créaFons ( poèmes )
rimes « orage » et « ravage » → idée de destrucFon « au tel » : adj qui marque l’intensité,
renforce la violence de la destrucFon
« Tonnerre et plume » (v3) → sorte de paysage intérieur météorologique exprimé par des images
extérieures de la nature => la mélancolie baudelairienne envahit les paysages extérieurs de
l'ennui.
« Qu’il reste » (v4) → TransposiFon du poète dans son présent
→ conséquence de la dévastaFon de l’orage est que sa vie n’est pas féconde, est stérile ( absence
d’inspiraFon, absence de créaFon )
2ème quatrain : Un besoin de renouveau
S’ouvre sur un résultat, une conséquence présentaFf « voilà » (v5) + proposiFon subordonnée
« que j’ai touché l’automne des idées »
=> Symbole de vieillesse mort de la nature
« Et que » (v6) → résultat des temps évoqués dans le 1er Quatrain.
« idée » = pensée = créaFon poéFque.
ÉvocaFon de la fin de l’inspiraFon poéFque et il doit la
rechercher « Ma pauvre muse, hélas ! » « La Muse malade » VII
Seconde proposiFon subordonnée de conséquence :
« Et qu’il faut » coordonnée à la 1er
ConjoncFon de coordinaFon + l’emploi du présent, nous somme sommes dans le présent du
poète qui est en recherche d’inspiraFon
« Pour rassembler à neuf les terres inondées » v7
Projet poéFque de Baudelaire : trouver une nouvelle poésie ( celle du Mal qui est beauté ).
« Le voyage » ( secFon de « La Mort » )
« Plonger au fond du gouffre, Enfer ou ciel, qu’importe ! / Au fond de l’inconnu pour trouver du
nouveau »....
»
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