Charles GUÉRIN (1873-1907) (Recueil : L'homme intérieur) - Le temps n'a point pâli ta souveraine image
Extrait du document
Charles GUÉRIN (1873-1907) (Recueil : L'homme intérieur) - Le temps n'a point pâli ta souveraine image Le temps n'a point pâli ta souveraine image : Telle qu'un jour d'été, jadis, tu m'apparus, Debout, battant du linge au bord d'un sarcophage, Je te revois, fille aux bras nus. C'est dans une prairie où la chaleur frissonne, Où, comme un brasier vert, l'herbe s'incline au vent. Un platane robuste à la belle couronne T'abrite du soleil brûlant. Je t'observe à travers les branches d'une haie. Sur l'auge de granit tu presses tes genoux ; Du bruit de ton battoir l'écho prochain s'égaie, Et l'eau rejaillit sous tes coups. La palette de bois s'abat, et tu te penches ; Ton bras monte, une part de ta gorge le suit, Et dans ce mouvement ta chemise sans manches Découvre l'aisselle qui luit. Un rayon de soleil mystérieux se traîne Sous le feuillage où flotte un tendre clair-obscur. Les toiles que tes mains trempent dans la fontaine Sortent ruisselantes d'azur. Et moi, le front soumis à l'immense lumière, J'assiste avec un plein transport de volupté Aux gestes que tu fais dans l'ombre, lavandière Ignorante de ta beauté.
Liens utiles
- Charles GUÉRIN (1873-1907) (Recueil : L'homme intérieur) - Ton image en tous lieux peuple ma solitude
- Charles GUÉRIN (1873-1907) (Recueil : L'homme intérieur) - L'ambre, le seigle mûr, le miel plein de lumière
- Charles GUÉRIN (1873-1907) (Recueil : L'homme intérieur) - Avant que mon désir douloureux soit comblé
- Charles GUÉRIN (1873-1907) (Recueil : L'homme intérieur) - Ma fenêtre était large ouverte sur la nuit
- Charles GUÉRIN (1873-1907) (Recueil : L'homme intérieur) - J'ai croisé sur la route où je vais dans la vie