Charles SAINTE-BEUVE (1804-1869) - Mon âme est ce lac même ...
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Charles SAINTE-BEUVE (1804-1869) - Mon âme est ce lac même ... Mon âme est ce lac même où le soleil qui penche, Par un beau soir d'automne, envoie un feu mourant : Le flot frissonne à peine, et pas une aile blanche, Pas une rame au loin n'y joue en l'effleurant. Tout dort, tout est tranquille, et le cristal limpide, En se refroidissant à l'air glacé des nuits, Sans écho, sans soupir, sans un pli qui le ride, Semble un miroir tout fait pour les pâles ennuis. Mais ne sentez-vous pas, Madame, à son silence, A ses flots transparents de lui-même oubliés, A sa calme étendue où rien ne se balance, Le bonheur qu'il éprouve à se taire à vos pieds, À réfléchir en paix de bien-aimé rivage, A le peindre plus pur en ne s'y mêlant pas, A ne rien perdre en soi de la divine image De Celle dont sans bruit il recueille les pas ?
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