Charles SAINTE-BEUVE (1804-1869) (Recueil : Pensées d'Août) - Dans ce cabriolet de place
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Charles SAINTE-BEUVE (1804-1869) (Recueil : Pensées d'Août) - Dans ce cabriolet de place Dans ce cabriolet de place j'examine L'homme qui me conduit, qui n'est plus que machine Hideux, à barbe épaisse, à longs cheveux collés : Vice et vin et sommeil chargent ses yeux soulés. Comment l'homme peut-il ainsi tomber ? pensais-je, Et je me reculais à l'autre coin du siège. - Mais Toi, qui vois si bien le mal à son dehors, La crapule poussée à l'abandon du corps, Comment tiens-tu ton âme au dedans ? Souvent pleine Et chargée, es-tu prompt à la mettre en haleine ? Le matin, plus soigneux que l'homme d'à côté, La laves-tu du songe épais ? et dégoûté, Le soir, la laves-tu du jour gros de poussière ? Ne la laisse-tu pas sans baptême et prière S'engourdir et croupir, comme ce conducteur Dont l'immonde sourcil ne sent pas sa moiteur ?
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