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Charles VAN LERBERGHE (1861-1907) (Recueil : La chanson d'Eve) - De ces terrasses où, le soir, il flotte encor

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Charles VAN LERBERGHE (1861-1907) (Recueil : La chanson d'Eve) - De ces terrasses où, le soir, il flotte encor De ces terrasses où, le soir, il flotte encor Sur la terre assombrie un dernier voile d'or, Nous regardons, tous deux, longuement, en silence, Le monde qui s'efface et l'azur qui s'endort. Il se tient près de moi. Ses grandes ailes blanches Sont closes. Il songe ; et nul ne sait à quoi songent Les Anges. Tendrement, près de lui je me penche Sur l'Eden endormi. Déjà, comme un baiser, Tout un ciel frissonnant d'étoiles s'est posé Sur ce sommeil heureux et ces rêves si calmes. Pas un souffle ne vole à la cime des palmes. Seuls, dans le soir encor, s'élèvent jusqu'à nous Les haleines des fleurs mourantes, et les doux Soupirs harmonieux des obscures fontaines ; Pourtant leurs voix aussi se sont faites lointaines. Ah ! vers quel grand silence et quel sommeil profond, Voluptueusement, toutes les choses vont ! Ah ! comme tout s'apaise, et comme tout s'oublie ! Ce qui troublait ce bel Eden, c'était la vie... Que je voudrais Lui dire, afin qu'il m'en console, Par ce lent crépuscule, en de telles paroles, Belles comme ce soir, lasses infiniment, Ce qui oppresse ainsi mon âme, en ce moment ! Mais il est si divin, si calme est son sourire, Que, près de lui, toute parole humaine expire Sur les lèvres. Sans doute, il ne comprendrait pas. Son âme flotte sur les choses d'ici-bas, Ainsi qu'une clarté d'étoiles étrangères. Elle contemple, et rêve, et ne sait de la terre Que les soupirs d'amour et les pleurs du bonheur. " Que ce beau soir est plein de délices, ma Soeur. "

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