Chateaubriand a écrit : « Oh ! argent que j'ai tant méprisé et que je ne puis aimer quoi que je fasse, je suis forcé d'avouer pourtant ton mérite : source de la liberté, tu arranges mille choses dans notre existence, où tout est difficile sans toi. Excepté la gloire, que ne peux-tu pas procurer ? Avec toi on est beau, jeune, adoré ; on a considérations, honneurs, qualités, vertus. Vous me direz qu'avec de l'argent on n'a que l'apparence de tout cela : qu'importe si je crois vrai ce qui
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Le libellé demande expressément d'expliquer la pensée de Chateaubriand : cette exigence est motivée par la longueur de la citation (nous rencontrons là une difficulté habituelle pour ce type de sujet. De plus, cette étape évite la précipitation d'une réaction trop vive, préjudiciable à la qualité de la réflexion.
L'auteur fait l'éloge de l'argent dont le pouvoir s'exerce dans tous les domaines de la vie : ceux qui relèvent de la nature des choses et qui normalement échappent à toute influence : jeunesse, beauté, amour. Ceux qui procèdent d'une vie sociale : honneurs, considérations.
La tonalité lyrique, avec le tutoiement passionné, étonne parce qu'elle s'adresse à l'argent, réalité à priori dépourvue de poésie.
Il est vrai que la fièvre de l'or a grisé bien des esprits, bien des personnages de roman ou de théâtre.
Plusieurs restrictions, plusieurs nuances atténuent cependant le panégyrique : le début du texte pose de façon irrémédiable la non-adhésion sentimentale, l'estime refusée. La phrase se présente comme un bilan avec le passé composé, « j'ai tant méprisé », attitude qui se perpétue au moment où Chateaubriand écrit ces lignes « je ne puis aimer ». L'expression « quoi que je fasse » suggère des efforts non récompensés, comme si l'auteur, empêtré dans les difficultés de l'opposition au régime des Ordonnances et plus généralement à une Restauration qu'il appela pourtant de ses voeux, regrettait ses scrupules de conscience. L'existence eût été plus facile pour le pair de France qui, par conviction, abandonne titre et pension.
Le libellé demande de se référer à des exemples. L'élève ne
connaît peut-être pas les détails de la vie de Chateaubriand, son existence difficile lorsqu'il se réfugie en Angleterre en 1793 ou ses ambitions politiques. Mais les oeuvres littéraires qui parlent de l'argent sont multiples, nous en donnons un aperçu dans le plan qui suit. L'élève aura soin d'y ajouter des illustrations plus ancrées dans l'actualité.
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