Christofle de BEAUJEU (1550-x) - Que n'ai-je comme Bacchus
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Christofle de BEAUJEU (1550-x) - Que n'ai-je comme Bacchus Que n'ai-je comme Bacchus Cette puissance divine ! Jaloux, vous seriez vaincus Par une feuille de vigne. Ma Rozette me tiendrait, Mais tout en votre présence, Et douce me baiserait. Que n'ai-je cette puissance ? Je deviendrais beau raisin, Elle, sans être aperçue, Me mangerait grain à grain, Devant sa mère déçue. En raisin change-moi donc, Ou en archet qui se plie. Tel plaisir tu ne fis onc A celui qui te supplie. Fais-moi la puissance avoir De ravir mon Érigone, Pour mes jaloux décevoir. Ce don-là, donne-moi, donne, De grâce, donne-le-moi, Ô Père dont l'abondance Fait au poète et au roi, Avoir la paix et science. La même chose tu fis Pour décevoir ta maîtresse : Qu'ainsi donc je sois transmis, Pour jouir de ma déesse. Qu'est-ce que tu veux de moi Pour guerdon de cette proie ? Tes liqueurs déjà je bois, Tous les jours, à pleine tasse ! Change donc pour mes amours Mon corps en belle vendange, Avant cela, tous les jours, Je chanterai ta louange Ô quel heur ce me serait De la tenir toute nue, Quand elle m'écraserait Devant sa mère déçue ! Ce beau pied je laverais, Et sauterais à sa face, Son beau sein je baiserais Devant la jalouse race. Que ne suis-je en beaux raisins, En une profonde cuve, Échangé en ces bons vins Qui lui serviraient d'étuve ! Pour toujours être content, Cette vendange passée, Je voudrais être sarment En une masse entassée. Tous les matins, je ferais Une ardente et belle flamme. Las ! comme je chaufferais La chemise de Madame !
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