Citant la devise de Rimbaud: Il faut être absolument moderne, un critique contemporain dénonce l'usage frelaté et commercial que, selon lui, trop d'écrivains ont fait depuis de cette idée. Il conclut ainsi: La modernité fait vendre des marchandises, des discours, des idées. Vous vous interrogerez sur ce problème, et vous direz si, à votre avis, la modernité peut être un critère en littérature ?
Extrait du document
«
Introduction
On peut partir d'une revendication scolaire d'aujourd'hui : lire des textes modernes] Mais la modernité ne peut pas
être seulement une question de chronologie : être moderne, ce ne sera pas remplacer Musset par les pièces d'Au
théâtre ce soir...
En fait, toute littérature se veut et s'affirme moderne contre les formes vieillies, liées à la
tradition, à la culture, aux institutions.
La thèse moderniste
a) Puisque l'histoire change, il faut changer les sujets (puisque le public change) et l'expression de ces sujets.
b) Être moderne, c'est être accordé au monde et être authentiquement soi.
La thèse traditionaliste
a) Il y a des permanences, puisque l'homme ne change pas : les passions, les sentiments sont les mêmes; on
comprend le monde moderne aussi bien en lisant la littérature d'autrefois (et même mieux, puisque pour les
représentants de cette thèse la modernité est toujours inférieure).
b) Même si on admet de « nouveaux sujets », il faut quand même écrire comme autrefois (mais les mêmes affirment
qu'il faut écrire « avec originalité » sur un thème éternel).
c) Le passé, riche de ses expressions, a des leçons à transmettre.
Ces leçons sont une garantie contre les « folies »
ou les « excès » modernes.
Quel critère choisir ?
a) Il y a, c'est incontestable, des littératures mortes, au moins pour une consommation immédiate.
Il y a aussi des
modernismes qui tournent court, de faux modernismes.
b) Au critère d'utilité, à l'idée que la littérature doit donner des modèles, il faut substituer le critère de pertinence,
d'efficacité, de capacité à rendre compte de la réalité telle qu'elle est vécue (voir ci-dessus les exemples donnés en
ce sens), et d'aptitude à révéler aux lecteurs la nouveauté du réel.
c) Il ne faut pas confondre actualité immédiate (qui prend ses sujets dans le brûlant) et modernité, ou, plus
exactement, la modernité peut ne pas être constituée seulement par l'actualité immédiate; elle peut, par exemple,
recourir au mythe (Balzac dans la Peau de Chagrin) pour exprimer une réalité contemporaine.
Pour conclure
Être moderne, ce n'est pas être démagogique, c'est-à-dire saisir tout ce qui, dans le vent ou dans la mode, se prête
à l'exploitation immédiate, et tout ce qui, pour être actuel, n'a pas nécessairement de lendemain.
C'est exprimer à
un moment donné de l'histoire ce qui constitue cette histoire et deviendra historique, et ce par des moyens que les
contemporains ne reconnaissent pas toujours forcément.
La forme moderne est celle qui contribue à donner sa
cohérence à ce qui n'est pas encore organisé au niveau de la conscience des individus, c'est pourquoi la modernité
vraie n'est vraiment reconnue qu'après.
S'il y a eu une modernité de Françoise Sagan, on la reconnaîtra peut-être
un jour ailleurs que là où on l'imaginait.
Est moderne en littérature ce qui est susceptible de prendre sa place dans
un héritage.
Le moderne en littérature, c'est finalement ce qui est littéraire..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Un critique moderne écrit à propos de la Lettre à d'Alembert sur les spectacles. « C'est cette curieuse liaison entre le sentiment, la littérature et la politique, qu'il faut dévoiler ». Votre lecture de l'oeuvre de Rousseau inscrite au programme vous semble-t-elle éclairée par cette affirmation ?
- « Nous autres, écrivains du XXe siècle, ne serons plus jamais seuls. Nous devons savoir au contraire que nous ne pouvons nous évader de la misère commune, et que notre seule justification, s'il en est une, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peuvent le faire... Il n'y a pas pour l'artiste de bourreaux privilégiés... » A. Camus, Discours de Suède. La littérature a-t-elle attendu le XXe siècle pour lutter contre les bourreaux? Vous avez lu des textes qui prouven
- POURQUOI AIMONS-NOUS LA FONTAINE ? Après avoir étudié l'oeuvre de La Fontaine, un critique contemporain conclut : « Il n'y a pas de note humaine qui ne s'y fasse entendre, l'ironie, l'émotion, la pitié, le courage, le goût du plaisir et de la retraite, l'acceptation de la vie et le besoin du rêve. On voudrait faire sentir pourquoi on l'aime ; mais on n'ose forcer la voix quand on parle du plus discret des poètes. » Vous direz si vous retrouvez dans ces quelques lignes l'impression que
- « Nous autres, écrivains du xxe siècle, ne serons plus jamais seuls. Nous devons savoir au contraire que nous ne pouvons nous évader de la misère commune, et que notre seule justification, s'il en est une, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peuvent le faire... Il n'y a pas pour l'artiste de bourreaux privilégiés... » A. CAMUS, Discours de Suède. La littérature a-t-elle attendu le XXe siècle pour lutter contre les bourreaux ? Vous avez lu des textes qui prouve
- L'écrivain contemporain, Claude Roy écrit dans Défense de le Littérature (1968): Certains esprits refusent le roman. Ils y voient une amusette, un gaspillage de force. Ils trouvent la vie (ou l'Histoire) plus riche en histoire, la science plus excitante et que la philosophie donne mieux a penser. Vous direz, en vous appuyant sur les textes du corpus, sur les romans que vous avez étudiez et sur vos lectures personnelles ce que vous pensez de ce jugement sur les romans rapporté par Clau