Classicisme en poésie.
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«
Classicisme en poésie.
Les critiques formulées à l'égard de la poésie par La Motte-Houdar et Fénelon auraient pu inciter les poètes à
chercher de nouveaux modes d'expression.
Mais ils n'en ont pas l'idée.
Paralysés par le respect de la tradition, ils
continuent d'employer un langage pseudo-poétique : termes nobles, inversions, périphrases, ornements
mythologiques.
Le XVIIIe siècle présente cette singularité d'être à la fois subjugué par le prestige de la poésie et
incapable d'atteindre à la poésie véritable.
L'épopée est délaissée.
On la juge trop difficile.
Il faut être audacieux comme le jeune Voltaire pour aborder ce
genre ingrat.
Sa Henriade, oeuvre artificiellement conçue et laborieusement écrite, obtient un vif succès.
Il sent
bien qu'il existe un problème du poème épique.
Mais il n'en voit pas la portée et il le règle hâtivement en répétant le
mot de son ami Malézieu : « Les Français n'ont pas la tête épique.
»
Le lyrisme d'apparat n'a pas évolué depuis Malherbe.
Il développe dans des strophes éloquentes, sonores, bien
rythmées, des lieux communs de morale et des sujets de circonstance.
Les titres sont par eux-mêmes suffisamment
parlants : A la Fortune, Sur l'aveuglement des hommes du siècle ( J.-B.
Rousseau), Ode sur la mort de J.-B.
Rousseau (LE FRANC DE POMPIONAN), Ode au vaisseau Le Vengeur (ÉCOUCHARD-LEBRUN).
Le public s'accommode
fort bien de ce lyrisme formel.
Écouchard-Lebrun reçoit le surnom aussi flatteur que peu justifié de Lebrun-Pindare.
Plusieurs générations verront en lui le type même du poète inspiré.
Chateaubriand l'admire.
C'est à Lebrun-Pindare et
à J.-B.
Rousseau que plusieurs grands romantiques, Lamartine, Hugo emprunteront la structure de leurs odes.
La poésie légère à la façon de Marot et de Voiture a fait les délices du XVIIIe siècle.
Jamais on ne s'est autant
appliqué à dire spirituellement des riens, à enrober sous d'aimables propos quelque pensée galante.
Tout homme de
goût, toute femme un peu cultivée se mêlent d'écrire en vers.
Cette vulgarisation de la poésie n'en élève pas le
niveau.
De vieux poètes libertins, survivants du XVIIe siècle, Chaulieu, La Fare, donnent le ton à l'époque.
Voltaire
se proclame disciple de Chaulieu.
Lui-même excellera comme poète léger.
Si l'on veut un bon exemple de cette
poésie facile, on lira les jolis Vers à la duchesse du Maine, où La Motte-Houdar réussit à dire d'un air innocent les
choses les plus osées.
Mais rien ne répond mieux aux tendances de ce siècle raisonneur que le discours en vers, variante de la satire et de
l'épître telles que les concevait Boileau.
Voltaire écrit des Discours sur l'homme, un Poème sur la loi naturelle, qui
seront admirés au point de servir de modèles à Lamartine pour certaines de ses Méditations.
Il arrive que le discours
en vers s'étende jusqu'à devenir un poème en plusieurs chants.
Louis Racine, second fils de Jean Racine est l'auteur
de deux poèmes de cette sorte, fort édifiants : La Grâce, La Religion.
Dans la seconde moitié du siècle, les poèmes
didactiques se multiplieront.
Chénier lui-même verra dans cette poésie à prétention philosophique la forme la plus
haute de la littérature..
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