Clément MAROT (1497-1544) (Recueil : Epigrammes) - De soi-même
Extrait du document
«
Clément MAROT, Épigrammes, « De soi-même ».
1.
Plus ne suis ce que j'ai été,
2.
Et ne le saurais jamais être.
3.
Mon beau printemps et mon été
4.
Ont fait le saut par la fenêtre.
5.
Amour, tu as été mon maître,
6.
Je t'ai servi sur tous les Dieux.
7.
Ah si je pouvais deux fois naître,
8.
Comme je te servirais mieux !
Clément MAROT (1497-1544) : un des premiers grands poètes classiques français.
Clément Marot, le fils de Jean des Marets dit Marot poète à la cour de Louis XII, commence très tôt à composer des vers.
Il est longtemps
le protégé de Marguerite de Navarre, sœur du roi de France François Ier.
Il a une vie agitée, de nombreuses anecdotes circulent sur son
existence mais elles ne sont pas toute avérées.
Poète varié, grave, mais incapable de s’accommoder de l’austérité d’un Calvin, C lément Marot participe encore de la tradition médiévale.
Son œuvre est très abondante et « l’élégant badinage » auquel Boileau l’associe dans son Art Poétique n’est qu’un aspect.
On remarque,
en lisant ses Œuvres, comme le poète a évolué de la discipline des Rhétoriqueurs, vers un art très personnel qui le rapproche de
l’humanisme.
Épigramme :
À l’origine, une épigramme, du grec ancien πίγραμμα (epígramma), « inscription », est une inscription, d’abord en prose, puis en vers,
qu’on gravait sur les monuments, les statues, les tombeaux et les trophées, pour perpétuer le souvenir d’un héros ou d’un événement.
À partir du XVIe siècle, le genre se spécialise dans le mot d’esprit : l’épigramme renferme généralement une pointe grivoise ou
assassine.
« De soi-même » :
Épigramme composé de 8 vers.
8 octosyllabes.
Disposition des rimes : rimes croisées, du type ABAB.
Alternance respectée entre les rimes masculines et les rimes féminines (qui se terminent par un e muet > -e, -es, -ent).
« Plus ne suis ce que j'ai été,
Et ne le saurais jamais être » :
• Assonances en [ai] : « ai » ; « saurais » ; « jamais » ; « être ».
• Polyptote : variantes morphologiques du verbe être > « suis » ; « ai été » ; « être ».
• « j’ai été » > passé.
Réflexion du poète sur lui-même…
• « Mon beau printemps et mon été » :
- printemps : jeunesse, début de la vie… Été : âge d’homme.
- Deux saisons qui ont des connotations mélioratives et qui renvoient aux âges du poète.
Ce qui est souligné par les possessifs.
- « beau » > insiste sur le caractère agréable, bénéfique de cette période.
• « Ont fait le saut par la fenêtre » > image pour dire que le temps a passé…
• Allocution rhétorique : le poète s’adresse à une entité abstraite, à l’ « Amour ».
cf.
les marques de 2 e personne du singulier > tutoiement, connivence.
Ex : « tu » ; « t’ » ; « te »…
• Poète qui rend hommage à l’amour.
Poète fidèle serviteur de l’amour…
Cf.
« mon maître » ; « je t’ai servi » ; « servirais » => déférence + respect.
• « Ah si je pouvais deux fois naître,
Comme je te servirais mieux » :
-
Assonance en [ai] : « pouvais » ; « naître » ; « servirais »…
Assonance en [eu] : « je » ; « deux » ; « comme » ; « je » ; « te » ; « mieux »…
Regret + exclamation « ah » + le conditionnel « servirais »…
« deux fois naître » > ce qui est impossible…
Conclusion :
• Court poème, épigramme de Marot qui voit le temps passé, a vieilli.
Vie consacrée à l’amour, regret de ne pouvoir ravoir une
jeunesse….
»
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