Coco Chanel aurait déclaré: Il faut mieux suivre la mode, même si elle est laide. S'en éloigner, c'est devenir un personnage comique. Commentez et discutez.
Extrait du document
«
PLAN ADOPTÉ DANS LE DEVOIR
I.
La nécessité de suivre la mode
A .
Sa fonction sociale
B.
L'expression des goûts d'une génération
C .
Le poids des médias
IL La nécessité de prendre ses distances avec elle
A .
La mode ne doit pas asservir
B.
Résister aux pressions de la société de consommation
C .
C réer un espace de liberté et d'individualité
DEVOIR RÉDIGÉ
La mode est un phénomène social qui touche à tous les aspects de notre vie : vêtements, mais aussi forme du corps, choix des vacances, de la décoration
intérieure.
Selon C oco C hanel, grande couturière du début du siècle, « Il vaut mieux suivre la mode, même si elle est laide.
S'en éloigner, c'est devenir un personnage
comique ».
L'analyse du phénomène montre la véracité de cette assertion.
Mais cela n'empêche pas de prendre ses distances avec les diktats de la mode et de trouver
un équilibre entre insertion dans la vie sociale et expression de l'individualité.
A utrefois tout était simple : on portait l'uniforme de sa condition sociale, de son métier, de son sexe.
Qui sortait de ce cadre choquait ses contemporains ou
faisait rire, comme le Bourgeois gentilhomme de Molière et ses habits singeant l'aristocratie.
A ujourd'hui, en apparence, nous sommes plus libres.
Mais
cette liberté subit l'influence d'un phénomène noqveau, la mode.
La mode désigne les canons périodiquement changeants de l'élégance vestimentaire au sein d'une société.
Elle s'étend sur tous les domaines de
l'apparence : langage, décoration, véhicules, styles de vie, etc.
Ne pas la suivre, c'est s'exposer aux quolibets car elle constitue un élément fondamental de
la vie en groupe actuelle.
En effet la mode a remplacé la fonction d'identification qu'avaient autrefois l'habit ou la possession de certains objets.
À notre époque, la relative égalité des
conditions est compensée par le fait d'être ou non « dans le vent », « moderne », « à la page ».
Jeunes ou vieux, riches ou pauvres sont soumis à la même mode ou presque.
Les producteurs de meubles ou de vêtements savent en effet, à partir des
formes, des couleurs ou des matières à la mode, proposer des produits pour toutes les bourses.
Prenons l'exemple des meubles : depuis plusieurs
décennies, Ikéa ou Habitat ont évolué comme les créateurs, passant du bois clair des années 70 aux symphonies un peu froides du noir ou du gris des
années 80 avant de revenir à un bois (moins) clair et plus chaleureux au début des années 90.
On n'est donc plus ridicule parce que l'on est pauvre ou que l'on singe les riches ; on fait rire parce que, quelle que soit sa condition, on ne respecte pas les
préférences affichées par la mode.
C elle-ci a revêtu un rôle social, édicté des règles, qui reposent sur le temps.
L'être démodé apparaît comme ridicule
parce qu'il ne respecte pas ces règles, il paraît surgir d'une époque révolue, il est décalé.
L'analyse de l'origine du comique telle que la faisait Henri Bergson
dans Le Rire reste donc valable : suscite l'hilarité celui qui sort de l'ordinaire, qui ne s'insère pas dans la société.
On en trouve un exemple dans Madame Bovary de Gustave Flaubert : les enfants rient à l'école de la casquette de Charles, inhabituelle et vieillote.
C e décalage dans le temps vient du fait que la mode diffère avec les générations.
Certes elle varie d'année en année, mais on peut distinguer de grandes
tendances communes à une décennie : les minijupes de la fin des années 60, les longues jupes et les sabots des années 70, le retour plus récent à un
certain classicisme, voire aux années 60.
Celui qui ne s'habille pas comme ses camarades ou les gens de son âge s'expose à faire « vieux » ou « ringard ».
La mode exprime en outre les valeurs défendues ou rejetées par la jeunesse : proche de la nature et refusant la société de consommation dans les années
70, celle-ci s'est plus tard révoltée à travers la mode punk, et plus récemment par la mode « grundge ».
Surtout, nous subissons l'influence des médias, télévision ou affiches, journaux de mode, qui nous présentent des mannequins ou des intérieurs qu'il faut
imiter sous peine de ne pas être aussi beau et intelligent que les autres.
Il y a là une pression artificielle, destinée à faire vendre ptës que ne ferait la mode « naturelle » due aux changements de goûts collectifs.
Elle porte sur tous
les aspects de la vie, jusqu'à la lecture, les éditeurs privilégiant dans leur devanture les ouvrages célébrés la veille chez P ivot.
Il faut également, même si
l'on y serait pas allé spontanément, voir les films primés à Cannes, qui font l'objet des conversations et sur lesquels se multiplient les reportages.
Face à de telles pressions, on comprend le conseil donné par C oco C hanel : mieux vaut accepter de porter un vêtement que l'on trouve laid plutôt que
d'encourir le risque d'être jugé laid soi-même...
Pourtant on peut légitimement résister à ces tendances.
D'abord la mode, parce qu'elle est un phénomène commercial, est trop exigeante, artificielle et déconnectée de la réalité.
Elle nous impose chaque
printemps ou chaque autonome des couleurs ou des formes différentes uniquement pour nous forcer à acheter.
D'autre part qu'est-ce qui est le plus ridicule : porter un vêtement qui ne vous va manifestement pas, parce que vous êtes grassouillet alors que la mode
convient aux minces, ou ne pas suivre la mode ? Le conformisme qui marque celle-ci contient d'ailleurs en germe bien des causes de rire.
Elle tue la
personnalité, uniformise, et sa laideur ou sa bêtise parfois rebutent les meilleures volontés.
Les pantalons à pattes d'éléphant sont objectivement horribles :
ils font une silhouette pataude, surtout avec des semelles épaisses aux chaussures, et surtout lorsque l'on est petit...
P ourquoi devrait-on aussi mentir en
prétendant que l'on aime telle ou telle chanson à la mode alors qu'on ne l'aime pas ?
C 'est pourquoi il faut prendre ses distances avec la mode.
Certes la suivre un minimum est indispensable, pour ne pas se faire trop remarquer sur son lieu
de travail ou dans sa bande de jeunes.
Mais il faut préserver un espace pour la liberté et la vraie beauté.
Le grand couturier Poiret disait en 1930 dans son ouvrage En habillant l'époque : « Il devrait y avoir autant de modèles qu'il y a de femmes ».
C haque corps
appelle en effet des formes particulières qui lui vont mieux ou s'harmonisent avec la personnalité.
C oco C hanel poursuivit un chemin inverse mais
finalement proche : elle chercha des vêtements susceptibles de plaire à toutes les femmes, et la persistance de son style depuis des dizaines d'années
montre qu'elle avait trouvé, avec ses petits tailleurs ou ses robes noires toutes simples, une mode intemporelle et universelle.
La mode tend d'ailleurs à se diversifier : les mannequins d'aujourd'hui sont plus variés, les modèles plus diversifiés.
Les magazines proposent dans le même
numéro des styles parfois opposés, qu'il s'agisse des habits ou des meubles.
En fait, il coexiste plusieurs modes, et l'on peut sans craindre le ridicule faire son choix entre elles.
Le recul pris par rapport à la société de consommation
ramène d'ailleurs les tentatives commerciales pour nous faire acheter le dernier accessoire à ce qu'elles sont : des recettes grossières pour vendre.
Même
si certains s'y laissent encore prendre, imiter à tout prix les vedettes comme Madonna (qui imite elle-même M arilyn sans avoir son charme) dans ses habits
ou son maquillage est ridicule et prouve un manque de personnalité.
Pour leur part les créateurs sont plus nombreux qu'avant : aux grands couturiers classiques comme Dior ou Yves Saint-Laurent s'ajoutent Mugler, Kenzo,
Issey Miyaké, dont les styles très originaux et très différents les uns des autres font que la mode n'est pas une mais diverse.
Manoukian, Naf-Naf, Benetton
proposent par ailleurs une mode plus quotidienne, où les modèles intemporels accompagnent les fantaisies de l'année.
Il devient donc possible de s'habiller comme tout le monde tout en ne choisissant que des modèles adaptés à sa propre morphologie, et des couleurs en
harmonie avec son tempérament ou son humeur.
En nous prévenant que nous risquons d'être comiques si nous ignorons totalement la mode, C oco Chanel n'a pas tort, étant donné la force de ce phénomène
dans le monde moderne.
Mais depuis le début du siècle, la mode a évolué.
Elle n'est plus un maître absolu et unique.
C ette évolution peut venir de la maturité acquise face à la
société de consommation, ou des circonstances de la crise économique, qui restreint les possibilités d'achat et rend donc plus normal d'utiliser s e s
vêtements plus longtemps.
Elle tient peut-être aussi aux réactions des individus, plus soucieux d'affirmer leur personnalité propre que d'adopter sans
nuance celle qu'imposent le groupe ou les marchands..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Un personnage de Molière prétend que : « Et l'école du monde, en l'air dont il faut vivre /Instruit mieux, à mon gré, que ne fait aucun livre ». Qu'en pensez-vous ?
- « Le comique étant intuition de l'absurde, il me semble plus désespérant que le tragique. Le comique n'offre pas d'issue. » Commentez et discutez ces propos d'Eugène Ionesco in Notes et contre-notes, 1966 ?
- Commentez et discutez ces lignes de Baudelaire : « L'art est-il utile? Oui. Pourquoi ? Parce qu'il est l'art. Y a-t-il un art pernicieux? Oui. C'est celui qui dérange les conditions de la vie. Le vice est séduisant, il faut le peindre séduisant; mais il traîne avec lui des maladies et des douleurs morales singulières. Il faut les décrire. Etudiez toutes les plaies comme un médecin qui fait, son service dans un hôpital, et l'école du bon sens, l'école exclusivement morale, ne trouvera p
- « Le comique étant intuition de l'absurde, il me semble plus désespérant que le tragique. Le comique n'offre pas d'issue. » Commentez et discutez ces propos d'Eugène Ionesco in Notes et Contre-notes, 1966 ?
- En vous appuyant sur les Mémoires d'Hadrien, vous vous demanderez si un personnage historique peut devenir un personnage de roman.