Comment expliquer la séduction des récits fantastiques ?
Extrait du document
«
Analyse du sujet et problématisation :
Le sujet interroge la puissance de séduction de la littérature fantastique.
Le terme « récit » implique que l'on
s'intéresse aux nouvelles, aux contes et aux romans fantastiques.
Le fantastique est un genre littéraire fondé sur la fiction, racontant l'intrusion du surnaturel dans un cadre
réaliste, autrement dit l'apparition de faits inexpliqués et théoriquement inexplicables dans un contexte connu du
lecteur.
La fantastique laisse le lecteur dans une perpétuelle hésitation : doit-il reconnaître l'évidence du
phénomène surnaturel ou se conforter dans son rationalisme? Le fantastique est très souvent lié à une atmosphère
particulière, une sorte de crispation due à la rencontre de l'impossible.
La peur est souvent présente, que ce soit
chez le héros ou dans une volonté de l'auteur de provoquer l'angoisse chez le lecteur ; néanmoins ce n'est pas une
condition sine qua non du fantastique.
L'idée de séduction concernant le récit fantastique semble donc paradoxale : elle implique que l'inexplicable
et l'inexpliqué, voir l'angoissant puisse plaire, charmer voire fasciner.
Problématique : En quoi les récits fantastiques peuvent-ils obtenir les faveurs des lecteurs ? Quels
sont les intérêts des récits fantastiques ?
I)
Le récit fantastique : une évasion fascinante
1)
Une évasion dans un monde inconnu
Les fictions fantastiques permettent au lecteur de s'évader de son quotidien réel pour pénétrer dans un
monde inconnu.
Ce monde imaginaire a souvent un caractère cauchemardesque mais c'est ce caractère même qui
est un atout de séduction , ressentir de la « fausse » peur étant un plaisir partagé par de nombreux lecteurs.
Le
récit fantastique peut se révéler une sorte de refuge, de recours contre dures réalités du monde et en effet son
apparition correspond aux débuts de la société industrielle, et donc au moment où le règne de la raison s'impose à
tous grâce aux progrès immenses de la science.
Ex : Le roman gothique (« préhistoire » du fantastique) : cf.
les œuvres d'Ann Radcliffe ou Le Moine de
Lewis.
à goût pour les apparitions horrifiantes, les ambiance inquiétantes et les décors sombres.
2)
Des personnages fascinants
Les récits fantastiques sont souvent fondés autour de personnages surnaturels inquiétants mais fascinants
par leurs attributs extraordinaires.
Ces récits mettent en scène des monstres ou des créatures artificielles créés par
l'homme, ainsi que des hommes aux capacités et à l'intelligence extraordinaires.
Ex :
Frankenstein de Marie Schelley et ses deux héros fascinants : le savant Frankenstein et le monstre qu'il a créé.
Les personnages de vampires
3)
Une intrigue ménageant un suspense intense
L'intrigue fantastique ménage un doute et une hésitation permanents.
Cf.
Définition de Jean Bellemin-Noël
dans l' Histoire littéraire de France :
Le fantastique vit d'ambiguïté.
[...]En lui, le réel et l'imaginaire doivent se rencontrer,
voire se contaminer ; de plus, contrairement à tant d'autres fictions, il n'exige à ses mystères
aucun éclaircissement, même s'il refuse toute solution rationnelle ou technique.
à le récit fantastique ménage donc un mystère permanent, non forcément résolu au dénouement.
Ex :
Prosper Mérimée qui laisse toujours peser le doute et quoiqu'il éclaire les manifestations surnaturelles de ses récits
avec objectivité, aucune affirmation ne peut jamais être faite.
( cf.
La Vénus d'Ille)
Guy de Maupassant, Chroniques, "Le Fantastique", 1883 :
Quand l'homme croyait sans hésitation, les écrivains fantastiques ne prenaient point
de précautions pour dérouler leurs surprenantes histoires [...]Mais quand le doute eut
pénétré enfin dans les esprits, l'art est devenu plus subtil.
L'écrivain a cherché les nuances, a
rôdé autour du surnaturel plutôt que d'y pénétrer.
Il a trouvé des effets terribles en
demeurant sur la limite du possible, en jetant les âmes dans l'hésitation, dans l'effarement.
Le
lecteur indécis ne savait plus, perdait pied comme une eau dont le fond manque à tout
instant, se raccrochait brusquement au réel pour s'enfoncer tout aussitôt, et se débattre de
nouveau dans une confusion pénible et enfiévrante comme un cauchemar
* Henry James dans sa nouvelle La Tour d'Ecrou, plonge le lecteur une perplexité totale.
Grâce à son style
allusif, James amène le lecteur à douter de chacun des personnages tour à tour, de sorte que la vérité sur cette
histoire est impossible à établir
II)
Le récit fantastique : une puissance critique.
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