Comment se fait-il que Monsieur Jourdain soit ridicule alors qu'il manifeste un désir si légitime, semble-t-il, de s'instuire et de s'élever au-dessus de sa condition ?
Extrait du document
«
On a souvent reproché à Molière de se moquer des choses les plus respectables: mariage, religion, etc.
On rit
d'Alceste qui est un honnête homme.
Et Monsieur Jourdain, qui est si grotesque, ne manifeste-t-il pas, après tout,
un désir bien légitime de s'instruire et de s'élever au-dessus de sa condition ?
I.
Rien de plus louable, en soi, que ce désir.
Exemples : l'ouvrier...
le bourgeois, etc.
L'ambition n'est un vice que quand elle est mal dirigée et se sert de moyens
inavouables.
On a le droit de vouloir s'élever soi-même et donner à ses enfants une situation plus brillante.
Mais il
faut le faire par son mérite personnel, son travail, ne pas brusquer les étapes, mesurer ses forces et ne pas
renouveler l'aventure de la grenouille.
II.
Est-ce bien ce que veut M.
Jourdain ?
En aucune façon.
1.
Il commence par rougir de ses parents, de sa femme, de sa condition, ce qui est le propre d'un sot.
2.
Il n'a pas vraiment le désir de s'instruire.
S'il fait venir chez lui pêle-mêle des maîtres de philosophie, d'escrime, de
musique, c'est uniquement parce que cela lui semble de bon ton, comme d'avoir des fleurs « en enbas » sur son
habit.
3.
Il ne désire pas s'élever au-dessus de sa condition par sa valeur personnelle, mais paraître ce qu'il n'est pas, il
croit que l'argent supplée à la naissance et au mérite, comme il s'imagine que l'escrime apprend à tuer son
adversaire, sans avoir de coeur.
III.
Et c'est pourquoi il est ridicule.
Il l'est partout et toujours, quoi qu'il fasse ou quoi qu'il dise, parce que toutes ses paroles et tous ses gestes
respirent la suffisance, la sottise, la vanité la plus puérile, et qu'il se laisse berner et piller par des gens qui
exploitent sa manie.
1.
Les professeurs;
2.
Son tailleur;
3.
Dorante.
(Analyser la pièce en citant des traits plaisants.)
« Quel est le plus blâmable d'un bourgeois sans esprit et vain, qui fait sottement le gentilhomme, ou du gentilhomme
fripon qui le trompe ? » dit Jean-Jacques.
La question n'est pas là, et l'indignation de Jean-Jacques porte à faux.
Les coquins qui flattent la manie de M.
Jourdain ne nous sont pas données comme d'honnêtes gens.
Molière nous
montre à quoi on s'expose en singeant de plus élevés que soi..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Vous écrirez un dialogue de comédie dans lequel un Monsieur Jourdain contemporain se vante devant un ami d'un savoir récemment acquis. Vous pourrez utiliser certains procédés comiques présents dans les textes du corpus. Vous veillerez à employer un niveau de langue approprié aux personnages et à la situation ?
- François Marie Arouet, dit VOLTAIRE (1694-1778) - A Monsieur le comte Algarotti
- André Malraux La condition humaine (VIe partie.)
- Paul SCARRON (1610-1660) - A Monsieur le Duc de Sully
- Pontus de TYARD (1521-1605) (Recueil : Premier livre des erreurs amoureuses) - Quand le désir de ma haute pensée