Comment s'explique le succès des pièces de Corneille à l'époque où elles ont été jouées ?
Extrait du document
«
Introduction :
a) Le succès des pièces de Corneille a été reconnu par ses successeurs, qui n'avaient pas sur le théâtre les mêmes conceptions.
«
Tout Paris pour Chimène eut les yeux de Rodrigue », constate Boileau.
b) Comment expliquer ce succès,
c) sinon par les raisons qui expliquent tout succès : des raisons de circonstances ou d'actualité, et des raisons d'ordre général, qui
tiennent à la valeur propre de l'oeuvre.
I.
— Les raisons de circonstances :
Le théâtre de Corneille répondait aux goûts, aux idées et aux préoccupations de ses contemporains.
a) Les goûts : Corneille écrit pour une génération forte, ardente et
volontaire, qui a le culte de l'énergie et de l'individualisme : c'est
l'idéal de ses héros.
On aime les oeuvres riches, colorées, complexes (les romans précieux), dont le sujet ne choque pas les goûts, qui commencent à
s'affiner.
On se passionne pour les questions de langue, de syntaxe et de style.
Or le style de Corneille est toujours, parfois même trop
soigné.
b) Les idées : A une époque où la monarchie absolue tente de s'établir, les problèmes politiques intéressent le public.
Or
Corneille les traite dans son oeuvre.
D'autre part, pour les Précieux que Corneille fréquente, l'amour est une vertu.
c) Les préoccupations : Descartes définit l'idéal de cette génération en donnant le portrait du Généreux en qui s'incarnent à la fois
la grandeur passionnée et la lucidité du héros cornélien.
La Grâce est le personnage principal de Polyeucte, à l'époque où
l'Augustinus met le problème de la grâce à l'ordre du jour, encore que le christianisme de la pièce ait déplu au public, qui n'aimait
point qu'on mêlât profane et sacré.
II.
— Les raisons d'ordre général :
On a pu apprécier, à côté de l'originalité de Corneille :
a) L'unité et la variété d'une oeuvre, qui présentait un univers marque de la griffe de l'auteur et semblable à lui-même dans des
situations variées.
b) L'arrière-plan d'une représentation, qui donne à méditer, ou à rêver, tout en présentant une intrigue complexe mais attachante
(Le théâtre de Corneille est une c école de grondeur d'âme »).
c) La noblesse d'un humanisme, qui fait confiance aux possibilités de l'énergie devant le destin, exalte l'Ame, nous trace une voie
rude, mais noble; et peint des sentiments universels.
d) La vigueur et la richesse d'une langue et d'une versification, s'adaptant aux sentiments, et aux situations, et d'une poésie parfois
éclatante.
Conclusion :
L'oeuvre de Corneille a deux visages.
Le premier répondait aux aspirations de son public.
Le deuxième dessinait les grandes
lignes d'une oeuvre qui devait survivre.
Les classiques n'ont pas tout apprécié chez lui mais Racine a reconnu tout ce qu'il devait à
Corneille.
(Discours à l'Académie 1685)..
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