Commentaire composé d'un texte de Jules Vallès, extrait de l'enfant. Chapitre XIX. "Louisette"
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Demande d'échange de corrigé de Tefouel Stéphanie ([email protected]).
Sujet déposé :
Commentaire composé d'un texte de Jules Vallès extrait de l'enfant.
Introduction :
Le texte, tiré de l'Enfant de Jules Vallès, nous rapporte une scène particulièrement pathétique: la mort et
l'enterrement de Louisette, une petite fille martyrisée par son père, M.
Bergougnard; c'est Jacques, un enfant ami
de Louisette et héros de ce récit partiellement autobiographique, qui raconte l'histoire, et ce sont ses réactions que
Vallès met au premier plan.
Le massacre des innocents, la mort absurde et cruelle d'une petite fille, c'est l'horreur absolue quand on l'aime et
qu'on souffre soi-même, à dix ou douze ans, de mauvais traitement: comment supporter un tel deuil ? Existe t'il des
mots pour dire une peine aussi profonde, ou vaut il mieux se taire ?
Développement :
Le silence de l'enfant :
Jacques ne réagit pas par des mots le jour de l'enterrement, aucun son ne sort de sa bouche.
Il est pour lui
impossible de parler.
Il est dans un état d'égarement total ("Je ne sais quoi").
Ses propres larmes lui sont étrangères, à peine
indentifiables ("voilà que mes yeux s'emplissent d'eau...").
Son seul geste est un reflexe régressif : "j'embrasse...un
bout de fichu, je crois..."; double sens de fichu (foulard/ foutu), sorte de relique de la morte; et même "objet
transitionnel", que l'enfant porte à la bouche pour compenser la perte de l'objet aimé, et tampon retenant la parole.
Sacralisation simultanée de la petite fille...
Se taire, en effet, est aussi une arme contre les profanateurs: "Veux-tu lâcher cette saleté", mot scandaleux!
Le deuil est redoublé par l'agression de sa mère: "tu ne pleurais pas tant si c'était moi qui était morte", phrase
atroce de jalousie maternelle.
Pour "posséder" son fils, la mère veut le contraindre à parler: "Jacques! quand ta mère
te parle...tu lui répondes", forme raffinée de torture ("question").
Se taire est donc une forme de révolte, un refus
absolu de la cruauté des adultes: le silence, arme des faibles.
Jusqu'au jour ou, ayant grandi, l'enfant peut prendre
la plume...
L'ecriture du narrateur adulte:
Ecrire, c'est dénoncer les bourreaux ("ils"), l'ignoble complicité des grandes personnes qui "ont laissé battre"
Louisette, qui "lui disaient à elle qu'elle ne devait pas être méchante", horrible leçon de morale infligée à la victime;
Hypocrisie du langage "enfantin": "gaire de la peien à son papa".
Dire la vérité sur le crime: "la pauvre assassinée".
Ecrire, c'est dire sa peine, l'adulte accomplit le deuil de l'enfant.
Emploi des mots les plus simples: "gentille, gaie, toute contente, si rose" pour rester près de sa souffrance.
Emploie
d'une rhétorique minimal, de comparaisons presque banales "comme chiens qu'on bat", "blanche comme la cire", etc.
Rôle des exclamations, des parenthèses pour briser le rythme et suggérer l'exces de la douleur.
Prise à témoin du
lecteur: "de douleur je vous dis'je".
Pathétique contraste : Lousiette avant/ après.
Ecrire, c'est préserver quelque chose de la petite fille, son souvenir: "ses joues rondes", "cette voix tendre et ce
regard mouillé" (touchantes métonymies!).
C'ets trouver l'image juste, la méthaphore qui témoigne: "cette miette
d'enfant", enfant tendre et enfant miette, ou encore "la recevoir comme un bouquet", beauté fraiche et périssable.
L'écriture elle même ne peut pas tout dire: éclairage biographique (Louisette, c'est la soeur Vallès), il reste une peu
de silence dans cette écriture.
Conclusion :
Au silence révolté de l'enfant succèdent donc les accusations du narrateur adulte: le travail de deuil s'accomplit
dans cette tension entre l'écriture et le silence.
C'est l'écrivain qui prête à l'enfant qu'il était des mots pour dire sa
rage et sa douleur; le texte est mémorial, et réquisitoire.
Ce deuil est peut être à l'origine d'une vocation d'écrivain: si l'enfant a perdu sa soeur, victime de la brutalité et de
l'indifférence, le devoir de l'écrivain sera de se faire le frère des innocents, des humbles et des persécutés...
Sujet désiré en échange :
Alfred JARRY, Ubu Roi, acte Ill, scènes 3 et 4, 1888..
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