Dans La poésie moderne et la structure d'horizon (p.6), Michel Collot écrit: L'écriture poétique, loin de se replier sur elle-même, vise constamment un dehors. Expliquez et discutez cette affirmation en fondant votre réflexion sur des exemples précis et d'époques diverses.
Extrait du document
Il faut que celui-ci taille
dans un "marbre sans défaut". Les courts poèmes deviennent des bijoux d'orfèvre.
On retrouve cette même approche dans les oeuvres de Théodore de Banville, qui
remet en valeur les règles prosodiques dans Petit traité de versification
française. Les poètes Parnassiens comme Leconte de Lisle, Sully Prudhomme ou
Hérédia, refusant de traiter l'actualité politique ou d'étaler les souffrances
et les affres de leur monde intérieur, privilégient la forme, et se coupent du
"dehors" contemporain. Hérédia se perfectionne dans l'art du sonnet dans Les
Trophées, et travaille notamment le dernier vers dans un souci de beauté
formelle. Ainsi, dans "Soleil couchant": "Et le soleil couchant[...] / Ferme ses
branches d'or de son rouge éventail". Théodore Banville, le jongleur verbal de
L'Ode funambulesque, a également mis en avant l'intérêt et la valeur de la rime,
ce que Verlaine rejettera au bénéfice de l'assonance. Ce souci de perfection
verbale et esthétique, cette recherche de la beauté pour elle-même, est ainsi
une expérience poétique qui s'apparente à une attitude de repli.
La recherche de
l'hermétisme, de l'obscurité et de l'élitisme en matière de poésie est une autre
démarche qui envisage l'écriture poétique comme autosuffisante.
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- En vous référant à des exemples précis, vous commenterez et discuterez ces réflexions : « Au nom d'un matérialisme de la lettre, certains ont vidé la poésie de tout rapport avec l'être et avec la matière. Ils se sont adonnés aux glissements intensifs de la chaîne signifiante, où se perdent de vue les signifiés. Moyennant quoi, leur écriture est devenue parfois illisible, et ils ont contribué à détourner les lecteurs de la poésie. La lisibilité d'un poème se fonde en effet sur un double
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- « ... il n'y a poésie qu'autant qu'il y a méditation sur le langage, et à chaque pas réinvention de ce langage. Ce qui implique de briser les cadres fixes du langage, les règles de la grammaire, les lois du discours. C'est bien ce qui a mené les poètes si loin dans le chemin de la liberté, et c'est cette liberté qui me fait m'avancer dans la voie de la rigueur, cette liberté véritable. » Louis Aragon. Vous analyserez et discuterez ces propos en vous appuyant sur des exemples précis.