Dans son Discours de Suède, Albert Camus affirme que la noblesse de son métier s'enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l'on sait et la résistance à l'oppression". Vous expliquerez et justifierez d'abord ce point de vue en vous appuyant sur son oeuvre La Peste. Dans une deuxième partie vous envisagerez les objections que l'on peut faire à A. Camus en vous appuyant aussi sur la peste et d'autres oeuvres.
Extrait du document
L'idée même que le but de la création littéraire est de susciter une émotion a
été contestée par les écrivains parnassiens au XIXe siècle. Pour eux, la valeur
esthétique de l'oeuvre d'art ne doit pas être jugée selon sa puissance émotive
mais selon les critères de la seule beauté. Cette conception de l'art pour l'art
s'accompagne, chez ses partisans, d'un refus total de s'engager au service d'une
cause sociale ou politique. Serviteurs d'une abstraction, d'un idéal, ils
dédaignent les sentiments communs et fuient la multitude. Leur art se
caractérise par la recherche de l'exceptionnel, de la rareté du pur diamant
poétique et leur moindre souci serait de se mettre au niveau de tous. Leurs
héros, tels les « Conquérants » d'Heredia {les Trophées), sont des aventuriers
altiers et solitaires.
Un fossé semble alors se creuser entre l'artiste retiré, selon l'expression de
Nerval, dans la « tour d'ivoire des poètes » et son public. On en viendrait
ainsi à l'idée que le monde littéraire est un univers d'exception qui
s'accommode mal de la foule à laquelle il ne peut servir de miroir puisque les
émotions qu'il crée sont d'une autre nature que les émotions communes : émotions
esthétiques, émotions transcendées par l'art. Mais cet art peut difficilement
faire abstraction du monde. L'isolement lui-même, le refus de se mêler à la
foule sont des signes de ce qu'est ce monde.
Liens utiles
- « Là était la certitude, dans le travail de tous les jours... l'essentiel était de bien faire son métier. » Vous expliquerez et vous commenterez cette affirmation que Camus prête, dans « La Peste », à l'un de ses personnages.
- Dans Le Théâtre, A. Ubersfeld affirme : L'une des caractéristiques les plus étonnantes du texte théâtral, la moins visible, mais peut-être la plus importante, c'est son caractère incomplet. Pour elle, le texte théâtral est donc un texte troué, qui exige du metteur en scène une interprétation. Vous discuterez ce point de vue en prenant appui sur les textes du Corpus et sur les oeuvres que vous avez lues ou étudiées, notamment Rhinocéros.
- Dans la préface de l'édition de 1785 du Mariage de Figaro, Beaumarchais remarque au sujet de sa pièce : « Personne n'étant tenu de faire une comédie qui ressemble aux autres, si je me suis écarté d'un chemin trop battu, pour des raisons qui m'ont parus solides, ira-t-on me juger, comme l'on fait messieurs tels, sur des règles qui ne sont pas les miennes ? » Vous expliquerez et commenterez cette situation en vous appuyant sur votre connaissance de l'oeuvre.
- Parlant du monde et de ses personnages, Albert Camus écrit dans l'Homme révolté : Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n'est ni plus beau, ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu'au bout de leur destin et il n'est jamais de si bouleversant héros que ceux qui vont jusqu'à l'extrémité de leurs passions. Vous expliciterez et illustrerez ce point de vue à partir de vos lectures romanesques et vous le discuterez si cela vous semble n
- « Nous autres, écrivains du XXe siècle, ne serons plus jamais seuls. Nous devons savoir au contraire que nous ne pouvons nous évader de la misère commune, et que notre seule justification, s'il en est une, est de parler, dans la mesure de nos moyens, pour ceux qui ne peuvent le faire... Il n'y a pas pour l'artiste de bourreaux privilégiés... » A. Camus, Discours de Suède. La littérature a-t-elle attendu le XXe siècle pour lutter contre les bourreaux? Vous avez lu des textes qui prouven