Dans son essai Pour un nouveau roman, le romancier Alain Robbe-Grillet affirme qu'un roman: C'est avant tout une histoire mais il précise que Le vrai roman, c'est celui dont la signification dépasse l'anecdote, la transcende vers une vérité humaine profonde, une morale où une métaphysique. Vous expliciterez et illustrerez ces propos, et éventuellement les discuterez, à partir des extraits qui constituent le corpus et des romans que vous avez lus/étudiés.
Extrait du document
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Dans son essai Pour un nouveau roman, le romancier Alain Robbe-Grillet affirme qu'un roman:
« C'est avant tout une histoire » mais il précise que « Le vrai roman, c'est celui dont la signification
dépasse l'anecdote, la transcende vers une vérité humaine profonde, une morale où une métaphysique.
»
Vous expliciterez et illustrerez ces propos.
Analyse du sujet et problématisation :
Ce sujet met en jeu une définition du roman.
Alain Robbe-Grillet affirme ici que l'on ne peut réduire le roman à
une simple histoire ( dans Pour un nouveau Roman, il explique que cette réduction est celle des « amateurs » et des
« critiques) mais que celui-ci doit avoir une portée métaphysique, qu'il doit dépasser la simple histoire.
Le terme d' « histoire » désigne ici la diégèse et le récit qui ont cours dans le roman.
Considérer la valeur d'un
roman dans sa capacité à mettre en œuvre une bonne histoire c'est faire du bon romancier un conteur.
Robbe-Grillet conçoit en revanche le « vrai roman » comme « celui dont la signification dépasse l'anecdote »
( c'est-à-dire dont le sens n'est pas à trouver dans le récit), « la transcende vers une vérité humaine profonde une
morale ou une métaphysique ».
Le roman doit donc opérer une transcendance de l'anecdotique vers le
métaphysique.
Sa dimension anecdotique doit être réfléchie et vaut pour autre chose qu'elle-même.
Les termes
« vérité humaine profonde et métaphysique » font du roman le lieu de la révélation du mystère de l'humanité.
Le
terme « morale » désigne une fonction plus didactique du roman qui doit énoncer des règles de vie.
Problématique : Le « vrai roman » réside-t-il nécessairement dans l'abandon du récit anecdotique
pour accéder à une vérité métaphysique? Mesure-t-on la valeur d'un roman à la complexité et à la qualité
du récit ou aux vérités qu'il dévoile hors-récit ?
I)
S'il n'y a pas de roman sans « histoire »…
Le récit apparaît comme le support incontestable du roman c'est pourquoi on peut dire que le roman est
« avant-tout » une histoire.
Le « vrai » romancier est donc d'abord celui qui sait agencer un récit de manière
convaincante et passionnante.
L'histoire, l'anecdotique peut d'ailleurs souvent véhiculer des vérités sur l'homme.
1)
La construction du personnage romanesque : du particulier à l'universel
Le personnage romanesque, nécessaire à l'histoire, romanesque demande une construction très habile dans
laquelle on a pu faire résider une part du génie du romancier : il est à la fois un des actants particulier du récit et
une figure visant une certaine universalité pouvant marquer les lecteurs.
Le personnage de roman constitue, pour
l'imaginaire et la pensée modernes, l'un des outils les plus opératoires pour décrire et explorer l'existence humaine.
Un bon romancier est celui qui, au travers de l'anecdotique, arrive à donner une portée universelle à ses
personnages.
Ex : Le personnage de roman au XIXe siècle : il cristallise des postulations typiques de l'individu dans la
société marchande et devient un mythe c'est-à-dire un personnage capable de signifier une attitude, une aspiration
représentatives d'un groupe tout entier à un moment de son histoire.
àCf.
Homais dans Madame Bovary qui incarne le mythe d'un républicanisme étroit et sectaire, d'une culture
mal assimilée et pourtant étalée, d'une « langue de bois » avide de pouvoir.
à Cf.
le génie balzacien réside dans la volonté de « faire concurrence à l'état civil » à travers ses personnages.( du
particulier on passe à des figures générales voire universelles
2)
Maîtrise des techniques du récit
Le roman est fondé essentiellement sur une bonne maîtrise des techniques du récit par le romancier.
Il doit,
en effet agencer les péripéties d'une manière convaincante afin de mener le lecteur au dénouement sans l'ennuyer.
La maîtrise des techniques du récit permet d'ailleurs au romancier habile de transcender les contraintes habituelles
de la narration et de la description et ainsi de dynamiser son histoire, affirmant par là même son talent de romancier
et la valeur de son roman.
Ex : La description symbolique à valeur proleptique chez Huysmans dans A Rebours : cf.
le passage où Des
Esseintes, le personnage principal se fait livrer des fleurs rares qui sont longuement décrites comme ayant l'allure
fantastique et répugnante d'ulcères syphilitiques.
Peu après, Des Esseintes fait un cauchemar au cours duquel il voit
apparaître le spectre de la Grande vérole.
Et la déchéance physique de Des Esseintes à la fin du roman, atteint
d'une maladie nerveuse nous est ainsi discrètement expliquée par avance.
La description n'est plus alors seulement
symbole de significations immédiates, elle préfigure ce qui va advenir du personnage ou de l'action dans la suite du
récit.
3)
Le récit : un voyage intellectuel.
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