Dans une lettre à sa soeur Pauline Beyle, datée du 3 aout 1804 , Stendhal écrit : Tu sais bien que, dans les romans, l'aventure ne signifie rien:elle émeut, et voila tout ;elle n'est bonne ensuite qu' à oublier. Ce qu'il faut, au contraire,se rappeler, ce sont les caractères. Expliquez l'importance des caractères.
Extrait du document
«
Demande d'échange de corrigé de gaudino claude ([email protected]).
Sujet déposé :
Dans une lettre à sa soeur Pauline Beyle, datée du 3 aout 1804 , Stendhal écrit : "Tu sais bien que, dans les romans, l'aventure ne
signifie rien: elle émeut, et voila tout ;elle n'est bonne ensuite qu' à oublier.
Ce qu'il faut, au contraire,se rappeler, ce sont les
caractères." Expliquez l'importance des caractères.
C' est souvent dans les préfaces à leurs oeuvres que les romanciers justifient leurs choix esthétiques et leur conception du roman, mais la
correspondance privée est aussi le lieu ou ils font part de leur travail, de leurs interrogations, de leurs hésitation.
L'on comprend mieux la
genèse de Madame Bovary en lisant les lettres de Flaubert à son amie Louise Colet.
Ainsi, le jeune Stendhal, confie à sa soeur Pauline
dans une lettre datée du 3 aout 1804: \"Tu sais bien que, dans les romans, l'aventure ne signifie rien :elle émeut, et voila tout ;elle n'est
bonne ensuite qu'à oublier.
Ce qu'il faut, au contraire, se rappeler, ce sont les caractères\".
Le futur auteur du Rouge et du Noir (1830)
établit une hiérarchie entre les caractères ,c'est à dire l'évocation psychologique des personnages, et l'intrigue, le déroulement des
événements qui toucheraient le lecteur sans lui apporter de matière à réflexion.
Il convient de voir dans quelle mesure le roman met en avant l'étude des personnages, de leur caractère et de leur comportement,
puis de montrer l'intérêt de ce que Stendhal met au second plan, l'intrigue.
Finalement, le contenu narratif et les personnages ne
s'effacent-ils pas derrière le monde intérieur du romancier, son approche singulière de la réalité ?
Dans la princesse de Clèves de Mme de La Fayette, le décor historique reste à l'arrière-plan.
L'attention se concentre sur trois
personnages : la princesse, son mari et Nemours, sur l'amour et le renoncement héroïque et inquiet de Mme de Clèves.
Dans le Rouge et le Noir, Stendhal multiplie les petits événements à Verrières, chez les Rénal, ou à Paris, à l'hôtel de La Mole.
Ils
n'ont d'autre intérêt que de mettre en lumière les variations dans la conduite du héros Julien Sorel, affrontant la haute société.
Stendhal sait aussi construire une \"aventure\"émouvante dans les derniers chapitres du roman, à partir du coup de feu tiré par Julien
sur Mme de Rênal.
Mais ce qui importe, c'est moins le procés de Julien à Verrières, que la seule métamorphose du héros : l'ambitieux
calculateur se change en victime d'une société hypocrite et s'approche de la mort avec grandeur et détachement.
Ainsi Zola, dans La Curée évoque-t-il longuement l'atmosphère qui règne dans la société française aprés le coup d'Eclat de Louis
Napoléon Bonaparte, pour introduire la conduite et les initiatives d'Aristide Rougon, dit Saccard.
Celui-ci profite des transformations de
Paris prévues par Napoléon III et le préfet Haussmann pour devenir un spéculateur dans l'immobilier.
Le personnage du roman réaliste n'a de consistance et de signification que grâce à la représentation narrative d'une société et d'une
époque.
Rastignac, dans le Père Goriot, est un jeune noble de province qui fait son apprentissage tout au long du roman; auprès du cynique
Vautrin qui lui donne quelques explications sur la manière de réussir dans la noblesse, chez sa cousine Mme de Beausséant, enfin comme
témoin du drame du père Goriot et de ses filles.
L'intrigue est porteuse de leçons pour le héros lui-même.
Rastignac perd ses illusions,
s'apprête à devenir impitoyable pour conquérir Paris.
Une approche psychologique n'éclaire pas le personnage de Meursault, héros du roman de Camus, L'Etranger.
Ses sentiments n'ont
pas à être analysés comme ceux d'un personnage de roman traditionnel.
Meursault, dans son indifférence, signifie de manière
allégorique, la perte des relations entre l'individu et une société qui veut lire en lui des comportements codifiés, reconnaissables.
Précisément, Meursault n'est pas explicable psychologiquement.
L'individu n'établit plus de rapports lisibles avec autrui et la société.
Dans les romans de Zola, ce n'est pas tant le personnage ni l'histoire racontée qu'une vision naturaliste que l'on retient.
Le poids de
l'hérédité et du milieu, la détermination sensible, la puissance du désir, voilà ce qui ressort des Rougon-Macquart, \"Histoire naturelle et
sociale d'une famille sous le Second Empire\".
Le personnage des romans de Zola, dépeint dans un milieu, est aussi le descendant d'une famille et hérite de ses maux.
Son
comportement excessif est présenté comme la conséquence des maladies et des dérèglements familiaux.
Une conception tragique de la
condition humaine, nourrie de théories en vogue au XIXème siècle, traverse les histoires.
L'homme, chez Zola, est encore dominé par le
désir, par une sexualité inquiétante, qui conduit à l'excès, au meurtre.
CONCLUSION
Il est vrai qu'on se souvient davantage de personnages comme Julien Sorel ou Manon Lescaut que des aventures qu'il ont traversées.
On
retient à peu prés ce qui leur est arrivé, mais on reste surtout attaché à leur caractère ou perplexe quant à leur destin.
Pour autant, la
lecture marquante d'un roman ne se limite pas à cette rencontre avec un personnage, même si celui-ci nous demeure familier.
Pas plus
que l'oeuvre d'un grand peintre ne se limite au souvenir d'un personnage représenté sur une de ses toiles, la fréquentation de Stendhal
ou de Flaubert n'est justifiée que par l'intérêt accordé à Julien Sorel, Lucien Leuwen ou Emma Bovary.
Le style de l'un ou de l'autre reste
plus profondément en nous; celui de Stendhal, vaguement négligé, proche d'un dialogue avec le lecteur, émaillé de fines interventions de
l'auteur, celui de Flaubert, inlassablement travaillé, aux phrases ciselées, dans lesquelles chaque détail trouve une nécessité.
Et avec le
style nous restent en mémoire toutes les questions que nous n'avons pas encore résolues et qui entretiennent le plaisir de la relecture et
de l'étude.
Sujet désiré en échange :
Pourquoi écrivez-vous ? Demande-t-on souvent à l'écrivain.
Vous devriez le savoir, pourrait répondre l'écrivain à ceux qui posent la
question.
Vous devriez le savoir puisque vous nous lisez, car si vous nous lisez et si vous continuez de nous lire, c'est que vous avez
trouvé de qui lire, quelque chose comme une nourriture, quelque chose qui répond à votre besoin...
Si je suis écrivain, pourquoi êtes-vous
mon lecteur ? C'est en vous-même que vous trouvez la réponse à la question que vous me posez.
Comment comprenez-vous cette
repartie surprenante d'Eugène Ionesco ?.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Au sortir d'une représentation, Stendhal note dans une lettre à sa soeur de 1804 : Les Précieuses Ridicules ont été la pièce la plus comique possible pour les spectateurs à qui elle fut adressée. Vous justifierez ce point de vue ?
- Un critique moderne écrit à propos de la Lettre à d'Alembert sur les spectacles. « C'est cette curieuse liaison entre le sentiment, la littérature et la politique, qu'il faut dévoiler ». Votre lecture de l'oeuvre de Rousseau inscrite au programme vous semble-t-elle éclairée par cette affirmation ?
- Julie d'Etanges écrit à sa cousine Claire suite à sa promenade avec son précepteur St Preux le déroulement de la lettre à sa cousine. D'abord elle décrit la beauté du paysage de montagne qu'elle a découvert en insistant sur la fusion entre son âme et la nature ensuite elle explique l'émergence des diverses émotions amoureuses qu'elle éprouve à l'égard de St Preux enfin elle décrit comment il lui a semblé que la nature pouvait être le miroir de son sentiment amoureux.(Ne jamais perdre d
- Un journaliste du Courrier français écrit en 1828 : « On commence à comprendre que les généralités sont usées sur notre scène. Il faut briser le type de ces héros de convention : c'est à l'observation des individualités que doivent désormais s'attacher nos poètes tragiques. Tout est dit sur les passions générales, leurs effets ont été mille fois présentés sur nos théâtres ; mais les contradictions de l'esprit humain sont innombrables. Les caractères sont aussi variés que les figures. »
- Il paraît qu'il est immoral de parler de soi. Moi je ne sais guère que parler de moi. Le moi n'est pas du tout haïssable, bien au contraire, écrit Paul Léautaud dans son Journal. Qu'en pensez-vous ?