Dante Alighieri
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Dante Alighieri
Né dans une famille de la petite noblesse florentine, Dante Alighieri s'intéressa très tôt à la poésie ; ses premiers
vers dénotent l'influence marquante de son professeur Brunetto Latini et de son ami poète Guido Cavalcanti.
Bien
qu'il se soit marié en 1285, il puisa son inspiration poétique pour des oeuvres telles que La vita nuova (1292) et le
Paradis dans son amour idéalisé pour son amie d'enfance Béatrice Portinari, décédée en 1290.
A partir de 1295,
Dante qui s'était plongé dans des dissertations religieuses et philosophiques basées sur l'étude des textes d'Aristote
et de saint Thomas d'Aquin, participa activement à la vie politique florentine.
Membre du Parti des guelfes blancs, il
servit dans l'administration de la ville et fut élu comme l'un des six prieurs chargés de réconcilier les guelfes blancs
avec leurs adversaires politiques, les guelfes noirs.
Mais la faction noire s'empara du pouvoir et Dante fut contraint
avec bien d'autres blancs de s'enfuir de la cité.
Banni et ruiné, livré à lui-même sur les routes d'Italie, il trouva
refuge à Bologne (dont il sera plus tard expulsé) et débuta la rédaction de l'essai De vulgari eloquentia oeuvre
influente qui établit l'italien vernaculaire comme langue littéraire et du Convivio.
Le grand poème allégorique La divine
comédie, commencée vers 1308 deviendra son oeuvre majeure.
Dante mourut de la malaria à Ravenne sans jamais
être retourné dans sa ville natale de Florence.
C'est une singulière aventure que les débuts des lettres italiennes : nées depuis un peu plus d'un siècle seulement,
elles atteignent déjà, dans l'oeuvre de trois écrivains de première grandeur, Dante, Pétrarque, Boccace, à une
merveilleuse maturité, par la richesse des thèmes humains, la délicate complexité des motifs lyriques, vigueur et la
ductilité de l'expression verbale.
Jusqu'à la crise linguistique du XVIIIe siècle, puis jusqu'à la révolution romantique, la
langue italienne ne quittera plus la voie tracée par ces trois sommités.
Dante naît à Florence, en mai 1265, d'une famille de petite noblesse et de condition modeste.
Nous ignorons tout de
sa vie, jusqu'à sa dix-huitième année, sauf ce que lui-même nous apprend sur son amour pour Béatrice, dans la Vita
Nuovo.
Nous ne savons pas quelles ont été les péripéties réelles de cet amour, et certains ont été jusqu'à douter de
l'existence même de Béatrice, encore qu'on s'accorde désormais à reconnaître en elle la fille de Folco Portinari,
épouse de Simon de Bardi, morte en 1290.
Il ne faut donc pas prendre au pied de la lettre le sombre récit du poète ;
mais il reste que cette expérience fut un fait capital de son jeune âge : à travers elle, la formule de l'amour
angélique, chère aux tenants du nouveau style, s'incarne en une vision concrète et, quittant les formes du style
scolastique, acquiert consciemment le sien propre, le " suave style nouveau " (dolce stil novo).
Nous savons par Dante lui-même que, après la mort de Béatrice, il fréquenta " les écoles des religieux et les
disputations des philosophants " et s'adonna avec passion aux études théologiques, philosophiques et scientifiques,
tout en participant, à partir de 1295, à la vie publique de Florence.
La ville était alors gouvernée par les Guelfes,
mais divisés en deux factions : les Blancs et les Noirs.
Partisan des Blancs, farouches gardiens de l'indépendance de
leur cité, Dante s'éleva jusqu'aux plus hautes charges politiques, fut " prieur " (c'est-à-dire l'un des chefs du
gouvernement réel), du 15 juin au 15 août 1300, et occupa, au cours des deux années suivantes, d'autres postes
importants.
Mais sa carrière politique s'acheva par un désastre : s'appuyant sur la France, Boniface VIII envoya
Charles de Valois, frère du roi Philippe IV, à Florence, comme " pacificateur ", mais en réalité pour renverser les
Blancs et amener au pouvoir les Noirs.
Pour conjurer le péril, Dante fut chargé, avec deux autres citoyens, d'une
ambassade à Rome, mais ne revint jamais de cette mission.
Faussement accusé de malversations et d'activité
hostile au pape et à la paix, il fut d'abord banni, puis condamné à être brûlé vif.
Là commence la triste période de l'exil, auquel seule la mort devait mettre fin.
Dante se joignit d'abord aux Gibelins
exilés et aux Blancs afin de rentrer de vive force dans sa ville ; puis, s'étant brouillé avec eux, " agit en son propre
nom " et commença les pérégrinations auprès des princes d'Italie, qui devaient le mener d'abord chez les Scaligeri de
Vérone, puis, en 1306, chez les Malaspina, seigneurs de Lunigrana, puis, peut-être, à Lucca et de là, peut-être, à
Paris, où il désirait approfondir sa doctrine à la Sorbonne.
La venue de Henri VII de Luxembourg en Italie (1310) pour y restaurer l'autorité impériale et mettre fin, en son nom,
aux disputes italiennes, remplit d'espoir le coeur du grand exilé.
Mais ce fut une nouvelle et définitive désillusion.
Arrigo ne rencontra partout que défiance et hostilité et mourut prématurément à Buonconvento, en septembre
1313.
Ayant, en 1315, refusé de rentrer à Florence, parce que les conditions posées à son retour lui semblaient
humiliantes à l'excès, Dante reprit les longs voyages de l'exil, se rendit de nouveau à Vérone et, pour finir, à
Ravenne où, au retour d'une ambassade à Venise, pour le compte de son seigneur Guy da Polenta, il s'éteignit en
1321.
Si les événements extérieurs de la période 1265-1321 permettent une première orientation, ils n'expliquent pas le
sens profond de la vie de Dante, tout entière dominée par une très haute conception de la mission morale et de la
responsabilité de l'homme.
Cette vie, guère longue, ne fut qu'un perpétuel développement en profondeur, et c'est
pourquoi son originalité réside moins en une conquête longuement poursuivie, que dans le rythme continu d'un
perpétuel enrichissement intérieur, qui tire ses stimulants aussi bien d'une aventure personnelle que d'un événement
public, d'une expérience secrète aussi bien que d'échanges humains au grand jour, d'une spéculation intellectuelle.
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