Demian de Hermann Hesse
Extrait du document
«
Demian de Hermann Hesse
Roman de Hermann Hesse publié en 1919.
Hermann Hesse
Contexte
Hermann Hesse publie d'abord son roman Demian sous le pseudonyme d'Emil Sinclair pour tenter de faire oublier son
passé d'écrivain néoromantique.
La mort de son père en 1916 et les années d'épouvante de la Première Guerre
mondiale le jettent dans une dépression que seule une psychothérapie lui permet de surmonter.
Au sortir de cette
crise, il écrit Demian en quelques semaines.
Ce roman devient un véritable livre culte durant les années 60.
Principaux personnages
-
Sinclair, le jeune narrateur, de tempérament faible ;
Kromer, un "dur", un peu plus âgé que lui, qui le terrifie, l'assert et le pousse au vol ;
Demian, jeune homme dont le mystère impressionne Kromer et qui libérera Sinclair de l'emprise de celui-ci ;
Madame Eva, mère de Demian, image symbolique de la femme ;
Pistorius, théoricien de l'histoire des religions.
Résumé
Emil Sinclair, le narrateur, vit une enfance préservée dans la maison bourgeoise de ses parents.
Un jour, il s'attribue
un vol commis par d'autres enfants et un garçon plus âgé nommé Kromer se sert de cela pour le faire chanter.
Sa
dépendance à Kromer prend une dimension si importante que Sinclair est contraint de voler ses parents.
Mais Kromer
devient toujours plus exigeant jusqu'à ce que Sinclair se lie d'amitié avec Demian, un jeune homme secret qui
impressionne Kromer et le chasse de la vie de Sinclair.
Demian devient alors une figure décisive qui pousse Sinclair
vers l'indépendance.
Il l'amène à une nouvelle interprétation surprenante de l'histoire de Caïn et Abel : il prend parti
pour Caïn, apprenant ainsi à remettre en question des autorités traditionnelles comme la Bible.
Puis Sinclair perd
Demian de vue, et quitte le chemin que celui-ci avait tracé, avant de le retrouver comme par magie.
Leur amitié se
situe alors sous le signe de l'oiseau qui cherche à sortir de son oeuf, symbole de la divinité gnostique antique
Abraxas, laquelle réunit le bien et le mal, Dieu et le diable.
Sinclair fait la connaissance du joueur d'orgue Pistorius
qui sait beaucoup de choses sur Abraxas, et lui transmet son étonnant savoir sur l'histoire des religions.
On verra
cependant que Pistorius reste un pur théoricien et que son enseignement reste infructueux pour cette raison.
Sinclair se sent seul et désorienté, mais il rencontre à nouveau Demian qui lui présente sa mère, Madame Eva, que la
rumeur accuse de vivre une relation incestueuse avec son fils.
Sinclair comprend avec étonnement que Madame Eva
est la femme qui lui était apparue en rêve longtemps auparavant et dont il avait peint le portrait : ce portrait, qui
représentait pour lui la mère et la femme aimée, la prostituée et la sainte, était en fait celui d'Abraxas.
Sinclair
passe désormais beaucoup de temps avec Demian et sa mère.
Une relation érotique entre lui et Madame Eva voit le
jour mais la guerre éclate et les deux hommes, qui sont enrôlés, se perdent à nouveau de vue.
Sinclair est
rapidement blessé.
A l'avenir, lorsqu'il aura besoin d'aide, il devra écouter sa voix intérieure et il trouvera celle de
Demian.
Ainsi, Sinclair a atteint son but : son reflet dans le miroir se fond avec l'image de Demian.
Interprétation
Demian raconte en réalité le chemin d'un jeune homme vers lui-même.
L'auteur suit les archétypes de l'enseignement
du psychologue Carl Gustav Jung, que Hesse a suivi à travers son psychanalyste, J.-B.
Lang, un élève de Jung, et à
travers Jung lui-même, que Hesse rencontre en 1917.
Ainsi, l'action ne doit pas être comprise comme une
succession de faits réels, mais comme des événements ayant lieu dans le "paysage spirituel" de Sinclair.
Demian
n'est pas un personnage réel mais, comme cela apparaît à la fin lorsque son image et celle de Sinclair se fondent en
une seule, un guide intérieur.
Au début, le monde est encore clairement divisé entre le bien et le mal, l'enfant
Sinclair étant une victime du mal.
Cependant, ce conflit le pousse à la maturité et sa force toute neuve lui permet
de triompher du mal tout en l'entraînant à un niveau supérieur qui lui fait dépasser toute vision simplificatrice du
monde.
L'unité entre le bien et le mal est ici symbolisée par Abraxas, autre allusion à la gnose antique tirée de Jung.
Au cours du développement de son individualité, Sinclair apprend à remettre en question toute autorité, de celle de
la maison parentale jusqu'à celle de la société en passant par celle de l'Eglise.
Il apprend également à se fier à luimême et à ne refouler aucun de ses rêves.
La recherche oedipienne de Madame Eva compte parmi ces rêves : cette
mère-amante est "l'anima", le complément féminin de son individualité.
Le développement de Sinclair arrive à terme
au moment du début de la Première Guerre mondiale, alors que de nombreuses autorités traditionnellement
respectées sont remises en question en Europe : l'ancien monde tombe en ruines et l'individu doit désormais trouver
seul son chemin..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓