Denis Diderot, Article "Encyclopédie", Encyclopédie, 1751.
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«
Commentaire de l’article « Encyclopédie » de Diderot
Introduction :
L'article Encyclopédie, rédigé par Diderot est placé en tête du premier volume après le Discours préliminaire de
d'Alembert et définit le programme d'ensemble de cette entreprise éditoriale philosophique et scientifique menée par
Denis Diderot et d'Alembert dans l'esprit de la philosophie des Lumières et parue entre 1751 et 1766.
Projet de lecture : En quoi ce texte énonce-t-il le programme et les finalités de cette grande entreprise
qu’est l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ?
I)
Une finalité didactique
1)
La promotion du Savoir
L’Encyclopédie se présente comme une vaste entreprise de promotion du savoir.
Diderot affirme clairement, dès
le début de son article son ambition didactique d’enseigner au monde des connaissances : « Ce mot signifie
enchaînement de connaissances; il est composé de la préposition grecque en, et des substantifs kuklos, cercle, et
paideia, connaissance.
» La référence à l’étymologie du mot « encyclopédie » accentue la visée didactique et l’ambition
éducative de Diderot qui présente cette œuvre comme objective et dispensant un savoir précise te scientifique.
Il
développe la genèse et le fonctionnement d’un tel projet en montrant l’ambitieuse promotion du savoir désirée : « le
but d'une Encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la terre; d'en exposer le système général aux
hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous ».
Il s’agit donc de
« rassembler » (c’est-à-dire à la fois collecter et trier des informations), « exposer » ( présenter d’une manière claire
et raisonnée) et de « transmettre » ( dédier ce travail à la postérité).
L’Encyclopédie s’inscrit donc dans un
mouvement de jonction de trois paradigmes temporels : le passé (où il faut puiser les connaissances), le présent
(auquel il faut expliquer le passé) et le futur (auquel il faut transmettre cet héritage).
La promotion du Savoir visée par
l’Encyclopédie est celle d’un savoir total ( relever ici les expressions nombreuses suggérant l’idée de totalité et
d’exhaustivité : « sur la terre…toutes les branches de la connaissance humaine…tout examiner, tout remuer sans
exception et sans ménagement… »
2)
Un « éclairage » sur le monde
La finalité didactique de l’Encyclopédie ne consiste pas seulement dans la promotion d’un savoir le plus complet
possible, mais aussi dans une formation de l’esprit à un regard « éclairé », raisonné sur le monde.
Il s’agit d’ « oser
voir » le monde tel qu’il est avec les yeux de la raison et non aveuglé par les apparences ; il faut dépasser les
impressions premières pour accéder à la vérité ; c’est ce que Diderot suggère dans le passage évoquant les imitateurs
des premiers inventeurs qui prétendent à une fausse avancée technique :
« les productions qu'on devait regarder comme le premier degré, prises aveuglément pour le dernier terme, au lieu
d'avancer un art à sa perfection, n'ont servi qu'à le retarder, en réduisant les autres hommes à la condition servile
d'imitateurs »
Le dernier paragraphe du texte utilise la métaphore de la lumière et de l’obscurité pour justifier l’entreprise
didactique menée par l’Encyclopédie : « Ne serait-il pas à souhaiter qu'au lieu d'éclairer l'étranger, nous pussions
répandre sur lui des ténèbres, et plonger dans la barbarie le reste de la terre, afin de le dominer plus sûrement ? »
L’ambition de Diderot est ce répandre sur l’étranger, sur le novice les lumières de la raison afin de le libérer du joug de
l’obscurité et de lui permettre de penser par lui-même afin d’assurer sa liberté.
C’est une véritable entreprise de
formation de l’esprit humain que souhaite mettre en place Diderot.
( remarquer la reprise de ces idées par Kant en 1984 dans « Qu’est ce que les Lumières »)
II)
Une entreprise humaniste
1)
L’amour du genre humain
Diderot, dans cet article exprime son amour inconditionnel pour le genre humain en qui il exprime sa foi profonde.
L’Encyclopédie est une entreprise directement tournée vers les hommes : « d'en exposer le système général aux
hommes avec qui nous vivons, et de le transmettre aux hommes qui viendront après nous » ; l’homme est au centre
de cet entreprise.
L’amour de Diderot pour le genre humain se manifeste notamment à travers l’emploi du substantif
« neveux », à connotation affective ici , désignant la postérité.
Diderot, dans cette entreprise, souhaite donc « avoir
bien mérité du genre humain ».
L’amour de Diderot pour le genre humain s’exprime à travers sa volonté de faire passer
l’intérêt général de l’humanité avant l’intérêt personnel, entreprise humaniste qu’il tentera de mettre en œuvre dans
l’Encyclopédie en donnant accès au Savoir à tous ; ainsi les rédacteurs de l’Encyclopédie seront-ils tous « liés
seulement par l'intérêt général du genre humain, et par un sentiment de bienveillance réciproque ».
Cet amour de
l’homme conduit Diderot à faire, dans le dernier paragraphes, une critique implicite des conflits guerriers et des rivalités
qui mettent en avant seulement un intérêt personnels et empêchent des entreprises telles que celle de l’Encyclopédie,
de voir le jour..
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