Denise Jallais - « maturité »
Extrait du document
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Nous nous bornerons à donner quelques indications.
Ce poème qui ressemble à une chanson va du présent au passé et du passé au présent.
La première et la dernière
strophe expriment le caractère raisonnable et ordonné de l'âge adulte, le reste du poème l'insouciance et la joyeuse
folie de l'enfance.
Cette opposition entre les deux âges de la vie est marquée par les rythmes et par les images.
Les rythmes
Dans les strophes qui dépeignent l'âge mûr le rythme est lent, le mouvement continu comme celui d'une marche.
La
longueur décroissante des vers évoque quelque chose qui se rétrécit, qui se ferme ou
qui se meurt.
Par contre les strophes qui chantent les joies de l'enfance ont un
rythme rapide et ascendant; le mouvement est répétitif; il semble traduire le renouvellement des plaisirs et des jours
dans une sorte de ronde où tout recommence.
En résumé les rythmes ont pour effet d'associer à l'âge adulte l'image d'une ligne droite et à l'enfance celle d'un cercle.
Ce sont là deux figures du temps : celui de l'enfance est un perpétuel recommencement, celui des adultes est
irréversible.
Les images
Du côté de l'enfance, l'art impressionniste de l'auteur crée un défilé d'images fraîches et colorées.
Nous trouvons
principalement la nature (l'eau, le soleil, la mer, les plages, l'été) c'est-à-dire tout ce qui, par essence, ignore le temps.
Nous trouvons
aussi un mélange de sensations et d'impressions (« la tempête dans les fuchsias», « le goût des petits pois crus...
», « des cris, des
entremets ») qui fait songer parfois aux correspondances de Baudelaire et de Rimbaud (« de grands jardins acides »).
On discerne
également une sorte de fusion avec la nature (« la mer comme une barque à me naviguer sur le coeur »).
En résumé ce monde de l'enfance est celui de la sensation, du mouvement et de la variété.
Du côté de l'âge adulte, au contraire, les images évoquent la conscience du temps et de la mort.
La « pulpe » des sensations a fait place à
la cendre de la mémoire; les mots ont perdu leur jeunesse, ce sont des cadavres; la mort est présente dans ce monde; il faut y marcher
d'un pas réglé par les exigences du temps.
Conclusion
Ce poème traduit à quel point le bonheur de l'enfance est à la fois merveilleux et fragile : il est fait de sensations pures et d'inconscience.
L'auteur fait preuve ici d'une exquise sensibilité et d'un remarquable talent qui évoquent le style de Charles Trenet..
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