Développez ce jugement de Fénelon : « Ronsard n'avait pas tort, ce me semble de tenter quelque nouvelle route pour enrichir notre langue, pour enhardir notre poésie et pour dénouer notre versification naissante ».
Extrait du document
«
Fénelon, dans un jugement sur Ronsard, loue le chef de la Pléiade de ses efforts pour enrichir notre langue, enhardir
notre poésie, dénouer notre versification naissante.
I.
Critique de quelques expressions de Fénelon.
Aujourd'hui que nous connaissons mieux l'importance du rôle joué par Ronsard et la valeur de son oeuvre, nous
pouvons nous étonner de la tiédeur des éloges que lui décerne Fénelon (n'avait pas tort) et du soin qu'il prend de
nous présenter son jugement comme une opinion strictement personnelle (ce nie semble).
Mais il ne faut pas oublier que Malherbe, puis Boileau, dans son Art poétique, avaient prononcé une condamnation
de Ronsard que le XVIIe siècle considéra comme définitive.
Sous son apparente modération, le jugement de Fénelon
n'est donc pas exempt de hardiesse.
Reconnaissons en outre qu'il est motivé.
II.
Importance de l'oeuvre de Ronsard envisagé comme novateur.
Plus nous aurons de mots en notre langue, disait Ronsard, plus elle sera parfaite ».
Dans ce but, il faut, d'après lui,
recourir aux langues anciennes ; nous devons également « extraire nos richesses de notre propre sol » (dialectes,
vieux français); il faut enfin forger de nouveaux vocables, par composition et dérivation.
Sans doute beaucoup des
mots mis en honneur par Ronsard ont péri, il n'en est pas moins vrai qu'un certain nombre a subsisté.
D'autre part, Ronsard veut que les mots soient significatifs.
A cette condition ils sont également de mise dans le
vers et dans la prose "Pas de mots nobles ni roturier".
Ronsard propose au poète un idéal élevé.
Celui-ci doit avoir l'inspiration (la fureur, le ravissement).
Il bannit donc les
genres purement conventionnels où avaient excellé les rhétoriqueurs (rondeau, coq à l'âne, allégories).
Les poètes «
ont les pieds à la terre et l'esprit dans les cieux ».
Ils pratiquent la métaphore, les grandes périodes lyriques.
Tout
ce qui « est humain » (amour, nature, mort, mélancolie) fait vibrer sa lyre.
Il tente aussi l'ode pindarique et l'épopée.
Les réformes de Ronsard portent également sur la versification.
Là encore, Fénelon a vu juste (rectifier toutefois le
terme de « naissante » car nous avons eu déjà des poètes fort estimables, Villon et Marot, par exemple).
Ronsard a
su débarrasser notre versification de certains poèmes à forme fixe, dont l'unique mérite résidait dans une ingénieuse
combinaison de mètres et de sons parfaitement vides de sens.
Il a popularisé l'alexandrin, consacré le sonnet.
Comme technicien du vers, il a mérité le nom de « maître des charmeurs de l'oreille », imposant l'alternance des
rimes, combinant avec art tous les mètres et tous les - rythmes.
III.
Influence de Ronsard sur notre poésie.
Sans doute il serait aisé de montrer les exagérations dont ne sut pas se défendre Ronsard ; son plus grand tort fut
d'ailleurs d'enfanter de maladroits disciples.
Mais si le XVIIe siècle manifesta à son égard le plus profond dédain, par contre le XIXe siècle a vu en lui un de nos
plus grands poètes.
Romantiques, Parnassiens, Symbolistes, pour des raisons diverses, professent pour lui un
véritable culte.
Ainsi le jugement de Fénelon peut être considéré, en quelque sorte, comme la première étape d'une réhabilitation,
qui, depuis lors, a été accomplie sans aucune réserve..
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- Commenter cette opinion d'un critique : «Si Ronsard a imposé à la langue et à la versification des réformes aussi profondes, ce n'était en définitive que pour fournir à de nouveaux thèmes d'inspiration des moyens d'expression et des cadres dignes d'eux. » ?
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