DIDEROT, le romancier

Diderot n'attachait guère d'importance à sa production romanesque et il resta toujours en marge de l'évolution du genre. Aussi occupe-t-il, dans l'histoire du roman, une place tout à fait à part. SES FAIBLESSES. Il est incapable de créer des caractères. Diderot ne décrit bien que ce qu'il a vu : il faut que la réalité donne le branle à son récit. Ainsi, Le Neveu de Rameau fut écrit à la suite d'une conversation avec Jean-François Rameau. D'autre part, sous des noms différents, il n'a guère peint que lui-même. Ses héros sont les porte-parole de ses idées, et, comme disait Rousseau, les « sarbacanes » qui servent à les lancer. Il néglige de composer. Ce sont à chaque instant des digressions, des bavardages, voire des divagations. Jacques le Fataliste est un enchevêtrement de récits hétéroclites; quant au Neveu de Rameau, c'est un exemple typique de ces improvisations tumultueuses et bariolées qui caractérisaient la conversation même de Diderot.