Dissertation sur la notion de chef-d'oeuvre (à partir d'une citation d'Antonin Artaud)
Publié le 10/03/2022
Extrait du document
«
Sujet :
« Les chefs-d’oeuvre du passé sont bons pour le passé ; ils ne sont pas bons pour nous.
»
Antonin Artaud, « En finir avec les chefs d’oeuvre », 1931
Est-ce aussi votre avis ?
L’auteur : Antonin Artaud
Ecrivain appartenant au surréalisme (XXe siècle)
Surtout connu pour son oeuvre : Le Théâtre et son double (réflexion autour d’un retour aux sources
pour le théâtre)
La citation :
« bon pour »
« chef-d’oeuvre »
« nous »
:
:
:
jugement de valeur, adressé à quelqu’un ; notion d’utilité
œuvre majeure, la plus importante (pour passer de compagnon à maître)
qui ? les gens du présent ? lequel ? artistes et public ? public particulier ?
Introduction :
Constater que les générations s’opposent dans la vie comme dans l’art est devenu un lieu commun de
la pensée.
Et force est de constater que les mouvements artistiques ont tendance à leurs débuts à se
vouloir vierges de toute influence.
Ainsi A.
Artaud affirme-t-il dans son oeuvre Le théâtre et son
double : « Les chefs-d’oeuvre du passé sont bons pour le passé ; ils ne sont pas bons pour nous.
»
Formule provocante et agressive comme le montre son ton lapidaire, catégorique et qui est une
condamnation sans appel des œuvres maîtresses des siècles passées car elles sont devenues des œuvres
mortes pour le public.
Cela constitue-t-il pour autant une remise en cause complète de tout chefd’oeuvre ? Comment comprendre l’expression « bon pour » ? Expression d’une utilité et si oui de
quelle utilité ? Ne faudrait-il pas s’interroger sur l’équivocité du « nous » ? Certes, on peut
comprendre la critique d’A.
Artaud : les chefs-d’oeuvre du passé ont peut-être convenus en leur temps
mais ils sont dépassés.
Mais alors quels sont les fondements de cette revendication ? Enfin, La
connaissance de ces fondements permet de reprendre en charge les chefs-d’oeuvre du passé de
manière critique.
Quelles sont les conditions de cette reprise en charge critique ?
I.
Le bien-fondé de la critique d’Antonin Artaud
1.
Le chef-d’oeuvre convient [= bon pour] à son époque
a.
Parce qu’il l’exprime à la perfection
Le chef-d’oeuvre est historiquement l’oeuvre maîtresse d’un compagnon qui lui permet d’être reconnu
par les siens comme un maître.
Loin d’être représentatif d’une mode, c’est un absolu momentané qui
exprime son époque à la perfection.
Les œuvres de Thomas Corneille (sa tragédie Timocrate, en 1656, fut le plus grand succès du siècle)
sont des succès de mode, tandis que celles de son frère Pierre Corneille sont des chefs-d’oeuvre.
Des
personnages comme Cinna ou Rodrigue, les « généreux cornéliens », sont emblématiques des
aristocrates frondeurs du XVIIe siècle qui finissent par se ranger sous l’autorité royale.
Les romans mondains de Georges Ohnet (Serge Panine, en 1881)1 sont bien différents du Bel-Ami de
Maupassant qui constitue une analyse parfaite des rouages de cette mondanité.
Transition :
Les créateurs de chef-d’oeuvre ont donc été à leur époque des novateurs.
Le problème commence à
partir du jour où cet aspect novateur disparaît.
Pourquoi ?
Des ouvrages bien-pensants au style négligé, avec des personnages conventionnels, au ton
larmoyant...
1
1.
»
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