Du théâtre romantique au théâtre naturaliste.
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Du théâtre romantique au théâtre naturaliste.
L'évolution du théâtre est beaucoup moins nette que celle du roman.
En effet les audaces du réalisme et du
naturalisme s'admettent plus difficilement à la scène qu'à la lecture.
D'autre part, le théâtre reste pénétré
d'influence romantique et la mode parnassienne, au lieu d'annihiler cette influence, la renforce plutôt.
Les
pièces en vers de Louis Bouilhet, Henri de Bornier, François Coppée ressuscitent par leur éloquence pompeuse
ou attendrissante, par leurs emprunts à l'histoire, l'ancien drame romantique.
Le succès qu'obtiennent ces oeuvres guindées n'empêche pas la comédie de se développer vigoureusement à
la fois dans le genre léger et dans le genre sérieux.
L'euphorie engendrée par la prospérité économique du
Second Empire accentue le goût du public pour les spectacles gais.
Ce goût est exploité par Labiche,
spécialiste des intrigues prestes et des bouffonneries spirituelles, par Victorien Sardou, dramaturge habile à
doser l'émotion, le rire et la peinture des moeurs, par Meilhac et Halévy, qui écrivent ensemble d'aimables
comédies et les livrets des plus célèbres opérettes d'Offenbach.
La comédie sérieuse du XIXe siècle n'est pas sans analogies avec le drame bourgeois du siècle précédent.
C'est dire qu'elle aurait pu 'évoluer dans le sens du réalisme.
Mais les auteurs en renom, AUGIER, DUMAS FILS,
sont obsédés par les discussions d'idées.
Ils ne songent qu'à faire prévaloir les thèses qui leur sont chères.
Émile Augier dénonce le danger que font courir à la société l'esprit romanesque et l'esprit matérialiste.
Tantôt il
dresse des réquisitoires contre la passion romantique, la puissance de l'argent, la licence des moeurs, tantôt il
plaide la cause des enfants naturels, celle du divorce.
Alexandre Dumas s'emploie à défendre la famille, que le
relâchement des moeurs désorganise.
Le public d'alors s'intéressait passionnément à ces débats idéologiques,
mais leur inconvénient au théâtre est de schématiser à l'excès les caractères.
Quelques tentatives furent faites par les Goncourt, Flaubert, Zola pour adapter au théâtre les principes de
l'esthétique réaliste ou naturaliste.
Mais ces excellents romanciers se révélèrent médiocres dramaturges.
La seule
réussite du théâtre dit naturaliste est celle d'HENRY BECQUE, qui donna en 1882 Les Corbeaux et en 1885 La
Parisienne, deux pièces très remarquées, la première brutale et cruelle, la seconde pleine d'humour.
De ce
dramaturge, on retiendra cette phrase significative : « Nos prédécesseurs étaient des moralistes; et nous, nous
sommes des observateurs.
».
»
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