Émile VERHAEREN (1855-1916) - Les pêcheurs à cheval
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Émile VERHAEREN (1855-1916) - Les pêcheurs à cheval Vagues d'argent et beau ciel clair Le flot sur les grèves se vide. Les cinq pêcheurs équestres de Coxyde Pèchent nonchalamment, sur le bord de la mer. Dans les lueurs et dans les moires Des vagues pâles, passent, Allant, venant, Leurs silhouettes noires Les chevaux vieux, les chevaux las, Parfois lèvent la tête, et regardent là-bas, L'espace ... Les mailles traînent Lentes et pesantes ; dans le remous, Les bêtes vont, les rênes Tombantes sur le cou, Et monotones ; Le corps houleux, au rythme de leur dos, Leur cavalier les yeux mi-clos, Siffle ou chantonne. Une heure passe, une heure ou deux ; On est heureux ou malchanceux ; Le poisson vient ou bien se cache ; On travaille par les temps chauds, par les temps froids, Toujours, et néanmoins, on retourne chez soi, - Oh ! que de fois ! - Les paniers creux, sonnants et lâches. Ainsi peinent les pêcheurs vieux, Contents de rien, contents de peu, Usant dans le malheur ou dans la chance, Dans la contrainte et dans l'effort, Les sabots de l'existence Qui se brisent un jour et réveillent la mort ; Pourtant, tels soirs d'été, quand, aux heures de lune Sur leurs chevaux pesants, ils remontent les dunes Et apparaissent, au loin, sur les crêtes, à contre-ciel, Chargés de filets et de toiles, On croirait voir de grands insectes irréels Qui reviennent de l'infini Après besogne faite et butin pris, Dans les étoiles.
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