Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les débâcles) - Eperdument
Extrait du document
Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les débâcles) - Eperdument Bien que flasque et geignant et si pauvre ! si morne ! Si las! Redresse-toi, de toi-même vainqueur ; Lève ta volonté qui choit contre la borne Et sursaute, debout, rosse à terre, mon cœur ! Exaspère sinistrement ta toute exsangue Carcasse et pousse au vent, par des chemins rougis De sang, ta course ; et flaire et lèche avec ta langue Ta plaie, et lutte et butte et tombe - et ressurgis ! Tu n'en peux plus et tu n'espères plus ; qu'importe ! Puisque ta haine immense encor hennit son deuil, Puisque le sort t'enrage et que tu n'es pas morte Et que ton mal cinglé se cabre en ton orgueil. Et que ce soit de la torture encore ! encore ! Et belle et folle et rouge et soûle - et le désir De se boire de la douleur par chaque pore, Et du vertige et de l'horreur - et le plaisir, O ma rosse de soufre et d'os que je surmène Celui, jadis, là-bas, en ces minuits du Nord, Des chevaliers d'éclair, sur leurs chevaux d'ébène, Qui s'emballaient, fougueux du vide et de la mort.
Liens utiles
- Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les débâcles) - Si morne !
- Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les débâcles) - Heure d'automne
- Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les débâcles) - Heures mornes
- Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les débâcles) - Fleur fatale
- Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les débâcles) - Inconscience