Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les heures d'après-midi) - Les barques d'or du bel été
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Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Les heures d'après-midi) - Les barques d'or du bel été Les barques d'or du bel été Qui partirent, folles d'espace, S'en reviennent mornes et lasses Des horizons ensanglantés. A coups de rames monotones, Elles s'avancent sur les eaux ; On les prendrait pour des berceaux Où dormiraient des fleurs d'automne. Tiges de lys au beau front d'or, Toutes vous gisez abattues ; Seules, les roses s'évertuent A vivre, au delà de la mort. Qu'importe à leur beauté plénière Qu'Octobre luise ou bien Avril : Leur désir simple et puéril Boit, jusqu'au sang, toute lumière. Même aux jours noirs, quand meurt le ciel, Sous la nuée âpre et hagarde, Sitôt qu'une clarté se darde Elles s'exaltent vers Noël. Vous, nos âmes, faites comme elles ; Elles n'ont pas l'orgueil des lys, Mais détiennent, entre leurs plis, L'ardeur sacrée et immortelle.
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