Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Toute la Flandre) - Un village
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Émile VERHAEREN (1855-1916) (Recueil : Toute la Flandre) - Un village Des murs crépis, de pauvres toits, Un pont, un chemin de halage, Et le moulin qui fait sa croix De haut en bas, sur le village. Les appentis et les maisons S'échouent, ainsi que choses mortes. Le filet dort : et les poissons Sèchent, pendus au seuil des portes. Un chien sursaute en longs abois ; Des cris passent, lourds et funèbres ; Le menuisier coupe son bois, Presque à tâtons, dans les ténèbres. Tous les métiers à bruit discord Se sont lassés l'un après l'autre Derrière un mur, marmonne encor Un dernier bruit de patenôtres. Une pauvresse aux longues mains, Du bout de son bâton tâtonne De seuil en seuil, par les chemins ; Le soir se fait et c'est l'automne. Et puis viendra l'hiver osseux, Le maigre hiver expiatoire, Où les gens sont plus malchanceux Que les âmes en purgatoire.
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