Ernest Renan
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Ernest Renan
Né à Tréguier, mort à Paris, Renan est un Breton et un Breton qui a perdu la foi : telle est l'image d'Epinal.
En fait, il
symbolise le prestige inouï qu'eurent, pendant la seconde partie du siècle, la critique et l'histoire.
Si Taine a dit les
certitudes qui paraissent résulter d'une enquête historique sur l'esprit humain, Renan en a dit les grands doutes.
Mais chez Renan, une personnalité "bretonne" qui oppose parfois l'intelligence à la volonté, donne à l'oeuvre une
ambiguïté que les "partis" qui s'en sont réclamés n'ont pas toujours aperçue.
De 1823 à 1845, il cherche, au travers
d'une éducation catholique et séminariste si la foi catholique résistera à la critique historique, critique dont il se
donne les instruments en devenant hébraïsant, philologue, en lisant Hegel, Herder.
Il se lie avec Berthelot qui l'initie
à la méthode des sciences de la nature.
Il a désormais en mains les éléments qui formeront le propos de son oeuvre
: chercher, dans la religion, et dans la religion catholique, puisqu'elle semble à la fois la plus spirituelle et la plus
répandue, la vérité relative qu'elle comporte et qui répond à une exigence de valeurs spirituelles, transmises par des
hommes d'élite ; chercher donc ce qui subsiste d'une spiritualité religieuse, une fois ses formes soumises à la critique
de l'exercice, à la critique de la raison.
On sait qu'en 1862 son cours à la chaire d'hébreu du Collège de France fut
suspendu dès la première leçon : il avait parlé de Jésus "homme incomparable" (1863, La Vie de Jésus ; 1866, Les
Apôtres ; 1869, Saint Paul).
C'est, en effet, à Jésus qu'il s'attache, pour le montrer dans son milieu, dans son
individualité historique : prophète doux et bon, assoiffé d'amour, qui porte le message de la civilisation juive à
laquelle s'unit le monde occidental.
Vision historique, mais aussi vision psychologique, d'un univers qui se découvre à
lui-même au cours du développement historique.
On retrouve, dans la controverse sur l'idée de nation, son
spiritualisme, dans La Réforme intellectuelle et morale, où sont soulignés le rôle inéluctable et la responsabilité de
l'élite, son pessimisme lucide.
En 1890, reparaît l'Avenir de la science, mais cette édition désavoue les pages
optimistes de 1849.
La foi en la science survit cependant à l'optimisme : l'une des causes majeures de la décadence
française tient, pour Renan, au fait que les Français ne croient pas assez à la science.
Le dernier Renan est
sceptique, désabusé : "La finesse d'esprit consiste sans doute à s'abstenir de conclure".
Aussi, dans les Drames
philosophiques (1888), l'impression est-elle "polychrome".
Il reste un écrivain de classe dans Souvenirs d'enfance et
de jeunesse (1883) et un homme qui dit à bon droit de lui-même qu'il a détruit "quelques bêtes malfaisantes" qui
opprimaient l'esprit..
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