Eugène Sue, Les Mystères de Paris
Extrait du document
Eugène Sue, Les Mystères de Paris
Maintenant quelques mots de l'ogresse et de ses hôtes.
L'ogresse s'appelle la mère Ponisse ; sa triple profession consiste à loger, à tenir un cabaret, et à louer des vêtements aux misérables créatures qui pullulent dans ces rues immondes.
L'ogresse a quarante ans environ. Elle est grande, robuste, corpulente, haute en couleur et quelque peu barbue. Sa voix rauque, virile, ses gros bras, ses larges mains, annoncent une force peu commune ; elle porte sur son bonnet un vieux foulard rouge et jaune ; un châle de poil de lapin se croise sur sa poitrine et se noue derrière son dos ; sa robe de laine verte laisse voir des sabots noirs souvent incendiés par sa chaufferette ; enfin le teint de l'ogresse est cuivré, enflammé par l'abus de liqueurs fortes.
Le comptoir, plaqué de plomb, est garni de brocs cerclés de fer et de différentes mesures d'étain ; sur une tablette attachée au mur, on voit plusieurs flacons de verre façonnés de manière à représenter la figure en pied de l'empereur
Ces bouteilles renferment des breuvages frelatés de couleur rose et verte, connus sous le nom de parfait-amour et de consolation.
Enfin, un gros chat à prunelles jaunes, accroupi près de l'ogresse, semble le démon familier de ce lieu.
Liens utiles
- Georges-Eugène Faillet, dit FAGUS (1872-1933) (Recueil : Du pont des arts, balcon de Paris) - Pourquoi, Seigneur, les hirondelles
- Eugène Sue
- Commentaire sue le texte de François Villon, Testament (écrit vers 1461)
- Charles Baudelaire - Le Spleen de Paris: Le joujou du pauvre
- Extrait de Quatre vingt treize de Victor Hugo : Les rues de Paris en ce temps là