Extension du mouvement précieux.

« Extension du mouvement précieux. Après les troubles de la Fronde, la vie de société refleurit.

Mais les beaux jours de l'Hôtel de Rambouillet sont passés.

MLLE DE SCUDÉRY prend la relève de la marquise.

Son salon supplante tous les autres : celui de la Grande Mademoiselle, celui de Mme de Sablé, celui de Mme Boucha-vannes, celui de Mme Sent-on.

A ses réceptions du samedi participent quelquefois le duc et la duchesse de Montausier, Mme de Sablé.

Mais les vrais familiers sont Conrart, Pellisson, Sarazin, Mme Aragonnois, Mlle Robineau, Mlle Legendre, c'est-à-dire une société essentiellement bourgeoise.

Bien quelle ne soit plus jeune et qu'elle ait des moeurs irréprochables, Mlle de Scudéry s'intéresse excessivement aux questions de galanterie.

Elle imagine avec ses hôtes du samedi la fameuse carte du Tendre, qui sera publiée en 1654 au tome premier de sa Clélie.

Chez elle, on est « frivole avec application ».

Elle n'en donne pas moins le ton à la société littéraire entre 1652 et 1661.

Mais les « samedis de Sapho » ne se prolongeront pas au-delà de 1661. Le terme de précieuse et celui de préciosité surgissent dans le langage peu après 165o, pour désigner l'idéal mis à la mode par l'Hôtel de Rambouillet, idéal maintenant vulgarisé, mais fort discuté. On prend parti pour ou contre la précieuse, c'est-à-dire pour ou contre un certain affranchissement de la femme.

La pièce de Molière, Les Précieuses ridicules, n'est pas une peinture objective de la société précieuse, mais une oeuvre de polémique.

D'autre part, l'attention se porte sur les innovations introduites par la préciosité dans le langage et les moeurs.

Le Grand dictionnaire des Précieuses de Somaize répond à cette curiosité des esprits. Les petits genres, stances, sonnets, chansons, impromptus, madrigaux.

gardent la faveur de la société précieuse. Après la disparition de Voiture, les écrivains les plus experts en poésie légère sont Gombauld, Godeau et surtout le délicat et ingénieux Sarazin, mort prématurément en 1654, à l'âge de quarante ans.

Benserade, bien qu'il semble avoir assez peu fréquenté l'Hôtel de Rambouillet, en représente l'esprit très avant dans le siècle.

Quant à l'abbé Cotin, dont les OEuvres galantes en prose et en vers, parurent en 1663, son nom serait sans doute tombé dans l'oubli, s'il n'avait inspiré à Molière le Trissotin des Femmes savantes. C'est pendant et après la Fronde que le roman d'aventures connaît ses plus grands succès avec Artamène ou le Grand Cyrus et Clélie, histoire romaine, oeuvres où Madeleine et Georges de Scudéry cherchent à représenter sous le voile de fictions historiques les hommes et les moeurs du temps.. »