Francis Ponge, « La jeune-mère »
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Francis Ponge, « La jeune-mère »
Quelques jours après les couches la beauté de la femme se transforme.
Le visage souvent penché sur la poitrine s'allonge un peu. Les yeux attentivement baissés sur un objet proche, s'ils se relèvent parfois paraissent un peu égarés. Ils montrent un regard empli de confiance, mais en sollicitant la continuité. Les bras et les mains s'incurvent et se renforcent. Les jambes qui ont beaucoup maigri et se sont affaiblies sont volontiers assises, les genoux très remontés. Le ventre ballonné, livide, encore très sensible ; le bas ventre s'accommode du repos, de la nuit des draps.
... Mais bientôt sur pieds, tout ce grand corps évolue à l'étroit parmi le pavois utile à toutes hauteurs des carrés blancs du linge, que parfois de sa main libre il saisit, froisse, tâte avec sagacité, pour les retendre ou les plier ensuite selon les résultats de cet examen.
Liens utiles
- Francis Ponge
- FRANCIS PONGE, Le parti pris des choses.
- Francis Ponge, Pièces (1962), « L'Appareil du téléphone »
- Francis Ponge, "Le pain", Le Parti pris des choses.
- Francis Ponge : « Le Pain », extrait du Parti pris des Choses