FRANCIS PONGE, Le parti pris des choses.
Extrait du document
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Francis Ponge, Le Parti pris des choses, « Le Morceau de viande ».
Chaque morceau de viande est une sorte d´usine, moulins et pressoirs à sang.
Tubulures, hauts fourneaux, cuves y voisinent avec les marteaux-pilons, les coussins de graisse.
La vapeur y jaillit, bouillante.
Des feux sombres ou clairs rougeoient.
Des ruisseaux à ciel ouvert charrient des scories avec le fiel.
Et tout cela refroidit lentement à la nuit, à la mort.
Aussitôt, sinon, la rouille, du moins d´autres réactions chimiques se
produisent, qui dégagent des odeurs pestilentielles.
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Francis Ponge (1899-1988) : poète qui depuis son jeune âge éprouve une violente révolte contre le parler ordinaire :
« N'en déplaise aux paroles elles-mêmes, étant donné les habitudes que dans tant de bouches infectes elles ont
contractées, il faut un certain courage pour se décider non seulement à écrire, mais même à parler » (Proêmes, « Des
Raisons d'écrire »).
Poète qui écrira principalement des poèmes en prose.
Ponge => Volonté d’être le poète du quotidien, du matériel, des objets et des choses.
Le Parti pris des choses : recueil d’une trentaine de textes publié en 1942 => L’intérêt du poète se porte sur des
objets poétiques inattendus, tels un cageot, une bougie, une cigarette, une huître, une crevette, un galet… et dans
ce poème : les poêles.
Ponge prend « le parti des choses », veut s’intéresser aussi à elle : loin de percevoir et de montrer le monde à travers
sa subjectivité de poète (Ponge est anti-poésie lyrique.), il cherche ainsi à leur donner par les mots la possibilité d’une
expression, d’une existence.
=> Poète qui veut rendre poétique « le morceau de viande» qui, a priori, n’a rien de poétique…
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Vocabulaire
Tubulure : selon le TLFI « CHIM., INDUSTR.
Ouverture d'un récipient destinée à recevoir un bouchon pouvant être muni
d'un ou de plusieurs appareils (thermomètre, agitateur, etc.) ou permettant le raccordement à un tube ».
Marteau-pilon : selon le TLFI « Appareil de percussion dans lequel une masse très lourde est soulevée verticalement
par la vapeur, l'huile, l'eau, l'air comprimé ou l'électricité et retombe sur une assise où se trouve la pièce à forger ».
Scorie : selon le TLFI « Résidu solide des opérations de traitement des minerais métalliques ou de l'affinage de certains
métaux, surnageant généralement dans le métal en fusion ».
Et au sens figuré, « Partie d'une chose ou plus rarement
d'un être, concret ou abstrait que l'on considère comme sans valeur, de qualité médiocre ou mauvaise et que l'on
élimine ».
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« Le Morceau de viande » :
- Poème en prose (qui ne ressemble pas vraiment à un poème).
- Poème sur un thème peu poétique…
En quoi ce court texte sur un objet inattendu est-il un véritable poème ?
I- Un poème
A- Le texte
• 6 lignes, 5 paragraphes.
• Ce texte ne raconte rien, n’est pas résumable => poème en prose.
• Texte très bref.
Pas de rimes.
- 1e § (ou ligne) : le poète évoque l’origine de la viande.
Poète qui joue sur le double sens du mot « usine » >
comparaison pour décrire la viande mais cela peut aussi renvoyer à la fabrication même de la viande dans une usine à
l’aide de « pressoirs à sang »
- 2e § (ou ligne) : termes renvoyant à la viande mais aussi à sa fabrication.
- 3e § (ou ligne) : évoque l’usine, son atmosphère.
Importance de la vue et du toucher..
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