François Mauriac écrit dans son journal intime : «J'ai pris le journalisme au sérieux. C'est pour moi le seul genre auquel convienne l'expression de littérature engagée. » Partagez-vous cette conviction du romancier ou, d'après vous, la « littérature engagée » peut-elle revêtir d'autres formes ? Vous appuierez vos réflexions sur des exemples précis.
Extrait du document
«
François Mauriac écrit dans son journal intime : «J'ai pris le journalisme au sérieux.
C'est pour moi le seul genre
auquel convienne l'expression de littérature engagée.
» Partagez-vous cette conviction du romancier ou, d'après
vous, la « littérature engagée » peut-elle revêtir d'autres formes? Vous appuierez vos réflexions sur des exemples
précis.
Quand Mauriac écrit ces lignes, cela fait trente ans que le problème de la littérature engagée est l'objet de
fastidieux débats.
Qu'est-ce donc que la littérature engagée? Mauriac a trouvé par hasard la solution.
Elle était
toute simple : la littérature engagée, c'est le journalisme.
Ce n'est qu'à la fin de sa vie que Mauriac est venu au journalisme.
Le journal L'Express, peu de temps après sa
fondation par Pierre Mendès France et Jean-Jacques Servan-Schreiber, lui offrit une chronique.
Très vite Mauriac
l'utilisa à commenter l'actualité la plus brûlante : la guerre d'Algérie, le terrorisme d'un côté, la torture de l'autre.
Bientôt sa chronique devint un événement politique.
Et lui-même, qui avait vécu jusqu'alors un peu en dehors du
monde actuel, lui dont les romans peignaient, dans un cadre provincial, l'âme humaine dans ce qu'elle a d'éternel, fut
amené à jouer pendant plusieurs années un rôle politique essentiel auquel rien ne l'avait préparé.
Qu'est-ce que s'engager pour un écrivain? Généralement on répond à cette question en disant que cela consiste
pour lui à défendre une cause politique à laquelle il apportera le renfort de son prestige personnel.
Mais il y a alors
contradiction; car dans ce cas, ce que l'écrivain investit dans cette cause politique, c'est une gloire qu'il a gagnée
en dehors de la politique.
La littérature engagée se nourrit de celle qui ne l'est pas.
En effet, ce qui valorise une
oeuvre engagée, c'est un prestige que son auteur a conquis d'abord en suivant les voies traditionnelles de la
littérature, loin de tout engagement.
Ni Lamartine, ni Hugo n'auraient eu en politique le poids qu'ils ont eu à
certaines époques, si l'un n'avait écrit Le Lac et l'autre Tristesse d'Olympio.
S'engager ne saurait donc consister seulement à prêter son nom à une cause, ni à se prononcer en faveur d'un
parti.
Camus a bien montré dans le Discours de Suède qu'un tel engagement est en fait un asservissement.
S'engager vraiment ce n'est pas suivre, ni même approuver; c'est agir; c'est descendre de son piédestal ou de sa
tour d'ivoire pour se plonger dans le concret quotidien.
Le véritable engagement consiste à affronter les difficultés,
non à bénir une partie des combattants.
Le journalisme peut répondre à toutes ces exigences.
Comme son nom l'indique, il est un combat quotidien et
demande davantage qu'une signature au bas d'un manifeste tous les quatre ou cinq ans.
De plus il rencontre les
problèmes concrets et oblige les intellectuels à se plier aux réalités.
Enfin, et c'est le plus important, il impose un devoir de vérité qui préservera l'intellectuel engagé de la tentation la
plus fréquente parmi celles qu'il peut subir : la tentation de tricher avec les faits et de renoncer à l'objectivité..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- « Les grandes oeuvres du théâtre sont toujours des oeuvres subversives qui mettent en cause l'ensemble des croyances, des idées, des modèles, l'image de l'homme, d'une société et d'une civilisation. Certes, avec le temps, les histoires de la littérature effacent ce conflit ou du moins feignent de l'ignorer, pressées qu'elles sont de tranquilliser le lecteur en présentant des oeuvres dans la suite apaisante d'une histoire et d'un déroulement. Mais à l'origine, toute grande oeuvre, même
- Rousseau écrit: La tragédie est si loin de nous, elle nous présente des êtres si gigantesques, si boursouflés, si chimériques que l'exemple de leurs vices n'est guère plus contagieux que celui de leurs vertus n'est utile. Partagez-vous cette condamnation de la tragédie par Rousseau ? Vous appuierez votre argumentation sur des exemples précis tirés des tragédies de RACINE que vous connaissez ?
- Malraux, dans l'Homme précaire et la littérature, écrit que « le génie du romancier est dans la part du roman qui ne peut être ramené au récit ». Vous commenterez et éventuellement discuterez cette affirmation à la lumière d'exemples précis empruntés à votre expérience personnelle de lecteur de romans ?
- Voltaire écrit dans la conclusion de "Candide" : "Le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin". Quelles réflexions cette affirmation vous inspire-t-elle ? Vous vous appuierez sur des exemples précis empruntés à vos lectures et a vos expériences personnelles ?
- « L'idée même que la signification d'une oeuvre valable puisse être épuisée après deux ou trois lectures est une idée frivole. Pire que frivole : c'est une idée paresseuse », écrivait Claude-Edmonde Magny en 1950 dans Histoire du roman français depuis 1918. En vous appuyant sur des exemples précis que vous emprunterez à la littérature et, éventuellement, à d'autres formes artistiques, vous montrerez pourquoi certains aspects essentiels d'une oeuvre ne se livrent que peu à peu et commen