François René de CHATEAUBRIAND, Itinéraire de Paris à la Palestine
Extrait du document
«
Introduction
En 18o6, Chateaubriand entreprend un long voyage dans ce qu'on appelait «
Orient », c'est-à-dire les pays de la Méditerranée orientale.
Quelques années
plus tard, il publie ses souvenirs de voyage sous le titre Itinéraire de Paris à
Jérusalem.
Dans un passage de cet ouvrage il évoque sa visite en août 1806 du célèbre
site du Cap Sounion, promontoire de l'Attique où se dressent les ruines du
temple de Poséidon, dieu des Mers de la Grèce ancienne.
Ce texte se présente d'abord au lecteur comme le récit de la découverte d'un
lieu qui frappe par sa beauté.
Mais, associant pour composer une image
complexe, la mer et les ruines, le soleil couchant et la nuit étoilée, l'écriture
semble entraîner l'auteur au-delà d'un ordinaire récit de voyage.
D'autant plus
que le spectacle contemplé et les circonstances particulières l'amènent à
dépasser le simple constat du temps présent.
Première idée directrice : ce texte est un fragment d'un récit de voyage
réellement effectué par l'auteur.
I.
C'est un récit non fictionnel :
Ce récit n'est pas vraisemblable mais véridique, c'est-à-dire attesté (récit
personnel qui rapporte à la première personne des faits vécus par l'auteur).
Dix-huit occurrences de la première personne jalonnent ce texte et mettent en relief le point de vue du narrateur qui
est en même temps actant.
II.
C'est le récit d'un « spectacle » (le mot est utilisé dans le 4e paragraphe) :
A.
Primauté de la description
1) La mise en tableau est déterminée :
— dès le début par l'expression «à la vue des...
», relayée par le verbe «contempler» (3e et 4e paragraphes) ;
— par l'emploi de l'imparfait, temps largement dominant dans ce texte, temps par excellence de la description dans le
passé (les faits ou les objets du regard sont envisagés pour eux-mêmes sans que leurs limites dans le temps soient
définies).
2) La construction du tableau s'opère grâce à :
— l'opposition entre les lignes verticales des colonnes et l'horizon marin ;
— la circulation du regard qu'impose le locuteur, dès le premier paragraphe : premier plan (« les débris du temple») plan
éloigné (« au loin la mer de l'Archipel », «le soleil couchant [...] Zéa»), puis retour au premier plan (« les quatorze
belles colonnes »> «les sauges et les genévriers »).
Le troisième paragraphe va entraîner le regard, par un effet d'élargissement du champ de vision, du « firmament » «au
fond des mers», pour le ramener de nouveau au premier plan : «les colonnes du temple» .
3) Le pittoresque est rendu :
— par des précisions concernant l'architecture du temple « d'ordre dorique», ses colonnes encore dressées dont le
nombre est précisé ainsi que la matière ;
— par la topographie et la toponymie : « l'archipel », «la côte de Zéa », « Sunium » nommé par sa forme latinisée ;
— par le jeu des colonnes et de la lumière : «le soleil couchant rougissait les côtes de Zéa », « le marbre blanc», «les
rayons» de la lumière sur la mer ;
— par l'intervention d'autres sens que la vue : l'odorat («l'odeur aromatique» des plantes), l'ouïe (le « bruit des
vagues» à peine entendu, le «faible murmure» des brises et le « silence »).
B.
Insertion de la narration :
Le passé simple est typiquement employé dans le deuxième paragraphe.
Les acteurs sont caractérisés par des
notations d'attitudes plus que par des d'actions véritables («se jetèrent au fond de leur barque», «s'endormirent», «
demeurèrent avec moi », « s'étendirent »).
Ces notations permettent d'isoler le narrateur par rapport au groupe
constitué par les «matelots », «Joseph et le jeune grec », et de justifier son attitude désormais contemplative ; des
précisions sont données concernant les circonstances de l'action (« après avoir mangé et parlé quelque temps »).
III.
C'est un récit rétrospectif :
L'acte d'écrire est postérieur aux faits comme le prouve l'emploi constant des temps verbaux du passé, les passés
simples du 2e paragraphe essentiellement de type narratif, ou les imparfaits des trois autres paragraphes de type
descriptif.
Conclusion partielle et transition
Associant narration et description — celle-ci dominant nettement — Chateaubriand évoque de façon précise la halte
qu'il fait sur ce promontoire avancé en Mer Egée.
Ce fragment fait songer non pas tant à une page de guide ni même.
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