François Tristan L'HERMITE (1601-1655) (Recueil : Les vers héroïques) - Sujet de la comédie des fleurs
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François Tristan L'HERMITE (1601-1655) (Recueil : Les vers héroïques) - Sujet de la comédie des fleurs L'auteur étant prié par des belles dames de leur faire promptement une pièce de théâtre pour représenter à la campagne, et se voyant pressé de leur écrire le sujet qu'il avait choisi pour cette comédie, à laquelle il n'avait point pensé, leur envoya les vers qui suivent. Puisqu'il vous plaît que je vous die Le sujet de la comédie Que je médite pour vos soeurs ; Les images m'en sont présentes, Les personnages sont des fleurs Car vous êtes des fleurs naissantes. Un lys, reconnu pour un prince, Arrive dans une province ; Mais, comme un prince de son sang, Il est beau sur toute autre chose ; Et vient, vêtu de satin blanc, Pour faire l'amour à la rose. Pour dire qu'elle est sa noblesse A cette charmante maîtresse Qui s'habille de vermillon, Le lys avec des présents d'ambre Délègue un jeune papillon, Son gentilhomme de la Chambre, Ensuite le prince s'avance Pour lui faire la révérence ; Ils se troublent à leur aspect Le sang leur descend et leur monte : L'un pâlit de trop de respect, L'autre rougit d'honnête honte. Mais cette infante de mérite, Dès cette première visite, Lui lance des regards trop doux Le souci qui brûle pour elle, A même temps en est jaloux, Ce qui fait naître une querelle. On arme pour les deux cabales. On n'entend plus rien que tymbales ; Que trompettes et que clairons ; Car, avec tambour et trompette, Les bourdons et les moucherons Sonnent la charge et la retraite. Enfin le lys a la victoire ; Il revient couronné de gloire, Attirant sur lui tous les yeux. La rose, qui s'en pâme d'aise, Embrasse le victorieux ; Et le victorieux la baise. De cette agréable entrevue, L'absinthe fait, avec la rue, Un discours de mauvaise odeur Et la jeune épine-vinette, Qui prend parti pour la pudeur Y montre son humeur aigrette. D'autre côté, madame ortie, Qui veut être de la partie Avec son cousin le chardon, Vient citer une médisance D'une jeune fleur de melon A qui l'on voit enfler la panse. Mais la rose enfin les fait taire, Par un secret bien salutaire, Approuvé de tout l'univers. Et dissipant tout cet ombrage, La buglose met les couverts Pour le festin du mariage. Tout contribue à cette fête. Sur le soir un ballet s'apprête, Où l'on ouit des airs plus qu'humains On y danse, on s'y met à rire. Le pavot vient, on se retire ; Bonsoir, je vous baise les mains.
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