Gaston COUTÉ (1880-1911) - Un crêpe au bras
Extrait du document
Gaston COUTÉ (1880-1911) - Un crêpe au bras L'an dernier, je les vis encor Le petit frère aimable et rose Dans sa tunique à boutons d'or Avec sa soeur que la chlorose Emportait - oh ! bien doucement - Vers la tombe muette et blanche. Je les vis en me promenant Sur le boulevard, le dimanche Suivis de leur père, un monsieur A barbiche, un vieux militaire, Qui portait la légion d'honneur En ruban à la boutonnière. Ils s'en allaient à petits pas Tous les deux, dans l'allée ombreuse, La fillette appuyant son bras Maigriot et sa main fièvreuse Sur le bras droit du garçonnet Qui, tirant deux sous de sa poche, Allait lui chercher un bouquet A la marchande la plus proche. Et le père aux cheveux tout gris Fumait tristement son cigare Sous les grands marronniers fleuris Ecoutant le concert bizarre Des petits pierrots batailleurs Quand la petite était trop lasse Vite, il prenait un des meilleurs Bancs pour elle, sur la grand'place Et pas trop tard, avant la nuit, Tous regagnaient leur domicile Sans étalage, ni sans bruit, Au travers du bruit de la ville. Maintenant on peut les revoir Ils sont deux. Dans la tombe blanche La soeur dort. Un long crêpe noir Un crêpe est cousu sur la manche De la tunique à boutons d'or Du petit frère aimable et rose Et le père est plus triste encor Dans sa redingote morose.
Liens utiles
- Gaston COUTÉ (1880-1911) - La rose de l'absent
- Gaston COUTÉ (1880-1911) - Valse mystique
- Gaston COUTÉ (1880-1911) - Le deuil du moulin
- Gaston COUTÉ (1880-1911) - Stances à la châtelaine
- Gaston COUTÉ (1880-1911) - Gueux