Georges de BRÉBEUF (1617-1661) - De quelle manière le péché anéantit l'homme
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Georges de BRÉBEUF (1617-1661) - De quelle manière le péché anéantit l'homme et de la résistance que la Grâce trouve en lui (Fragment) " Vien vien, me dites-vous, appaiser ma colere, Change en respect tous tes mépris, J'ai toûjours de l'amour, et je suis toûjours Pere Ne veux-tu plus estre mon fils ? Si tu n'aimes un Pere, au moins redoute un Juge, Prens toy-mesme pitié de toy ; Contre moy quel moyen de trouver un refuge, Si tu n'en cherches pas en moy ? " Mon coeur stupide et froid à des soins si propices Ne vous montre que ses dédains, Le mépris de vos loix fait toutes mes délices, Et ma perte tous mes desseins. Du remords inspiré l'officience atteinte Fait sur moy peu d'impression, Je n'écoûte pour vous, ny l'amour ny la crainte, Ny pour moy la compassion. Ainsi honteusement je voy couler mon âge Dans les soins de la vanité, Et je perds des moments dont le prudent usage Me devoit une Eternité. Au lieu de m'assurer une gloire immortelle, Qui ne peut jamais se ternir, Je m'assure des maux dont la rigueur cruelle Ne peut ny changer ny finir. Parlez-moy donc si haut qu'enfin je vous entende, Réveillez un coeur hébété, Ou tonnez, s'il le faut, afin que j'apprehende Le couroux d'un Dieu rebuté. Que je vous puisse aimer comme un Dieu tout aimable, Qui m'a comblé de ses bien-faits, Et vous craindre en tout temps comme un Dieu redoutable Qui peut me perdre pour jamais. Que mon esprit soûmis ne goûte point d'amorce Qu'à se ranger sous vostre Loy, Que je me donne à vous, et qu'ainsi je vous force A vous donner enfin à moy. C'est de mes voeux enfin le seul que j'entretienne, Luy seul va faire tous mes soins, Et quelque autre succez qui me flatte ou m'avienne, Je ne puis me passer à moins. Pardonnez-moy, Seigneur, cette ardeur vehemente ; C'est un feu que vous m'inspirez, C'est vous qui dans mon coeur avez mis cette attente, Et c'est vous qui la remplirez.
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